Bilan annuel FranceAgriMer : le recul des achats des ménages pour la viande de boucherie se confirme (Article d’analyse)

FranceAgriMer a publié en août 2024 un nouveau bilan qui détaille les évolutions de la consommation de produits carnés (viandes fraîches de bovins, ovins, porc, cheval, volailles, charcuterie, viandes surgelées) et d’œuf en 2023. Cette étude montre, en lien avec la poursuite de l’inflation des prix des produits alimentaires, que, les achats des ménages ont reculé très nettement en volume sur la viande de boucherie et la charcuterie, alors que volailles et œufs marquent au contraire une reprise.

FranceAgriMer a publié le 9 août 2024 son bilan des consommations de produits carnés pour l’année 2023. Celle-ci s’appuie en grande partie sur les données issues du panel Kantar Worldpanel pour la consommation à domicile des ménages français, complétées par d’autres éléments, comme les données de consommation calculées par bilan (voir encadré).

La baisse de la consommation individuelle de viande bovine se poursuit

En 2023, la consommation individuelle de viandes calculée par bilan a diminué de 0,7 % malgré une bonne progression de la consommation de volaille (+3,6 %). Elle s’établit à 83,7 kg en équivalent carcasse de viandes consommées par habitant et par an (kgec/hab). La consommation calculée par bilan de la viande bovine (gros bovins et veau) a enregistré la baisse la plus forte sur ces 20 dernières années (-3,7 % par rapport à 2022). Sa consommation s’élève dorénavant à 21,4 kgec/hab et celle de viande ovine et caprine à 2,3 kgec/hab (moitié moins qu’en 2003).

Repli net des achats des ménages mais augmentation du budget global

Après un rebond en 2020 de la consommation de produits carnés à domicile dû aux restrictions sanitaires, la baisse a repris dès 2021, alimentée en 2022 par l’inflation des produits alimentaires. Après 10 années stables, les prix des viandes au détail ont fortement augmenté en 2022 et à un taux globalement moindre en 2023 (respectivement +10,3 % et +2,9 % pour la viande bovine et +10,5 % et +11 % pour la viande hachée fraîche bovine). 2019 est l’année de référence précédant les crises sanitaire et inflationniste. La comparaison entre 2019 et 2023 montre une perte en cumul de trois points pour la viande de boucherie et la charcuterie au profit de la volaille et des viandes surgelées. Dans le contexte inflationniste actuel, le budget global des ménages français pour les produits carnés n’en reste pas moins en nette progression. Il est en hausse de 16,71 % par rapport à 2019, passant de 10,7 €/kg à 12,30 €/kg.

 La consommation de viandes de boucherie toujours en baisse

La tendance à la baisse de la consommation à domicile s’est donc poursuivie en 2023, mais plus faiblement, la part importante des ajustements ayant été faite en 2022. Les volumes d’achats des ménages ont diminué pour les viandes de boucherie (-3,9 % par rapport à 2022).  Toutes les catégories (viande fraîche hors élaborés, élaborés, viandes congelées) sont concernées par cette baisse, tandis que la consommation de volailles augmente de +1,5 %. Les volumes consommés de viande hachée bovine reculent de 2,4 % mais progressent en surgelés (+1 %), alors que les deux affichent une nette augmentation de leur prix moyen (respectivement +10,8 % et +22,5 %). Les achats de brochettes quant à eux continuent de baisser (-8,1 % en volume). Mais contrairement à 2022 et ses prix stables, le prix moyen a augmenté de 10,5 % en 2023.

Pas de report des protéines animales sur les légumineuses

L’analyse d’un éventuel report de la consommation de protéines animales sur les protéines végétales a été réalisée en étudiant le rapport entre consommation de viande de légumineuses par classe d’âge et zone géographique. Le rapport conclut qu’il n’y aurait pas de stratégie franche de reports d’achats pour une consommation à domicile. Le fait d’acheter des légumineuses apparaitrait plus comme un marqueur social (plus de 50 ans, ménages aisés) pouvant être relié à des habitudes culinaires spécifiques.

Comprendre les différents types de données dites « de consommation »

En consultant diverses sources de données présentant des estimations des niveaux de consommation, vous avez peut-être déjà eu l’impression que les chiffres ne correspondaient pas, voire qu’ils se contredisaient. À l’origine de ces disparités : les différentes méthodes utilisées pour estimer des quantités dites « consommées ».

Les outils directs d’évaluation de la consommation

Stricto sensu, seules les enquêtes de consommation alimentaire, comme celles réalisées pour les études CCAF (Crédoc) ou INCA (Anses) en France, sont destinées à mesurer précisément les consommations alimentaires individuelles. Elles s’appuient en général sur des rappels de 24 h (répétés plusieurs fois), des questionnaires de fréquences ou des carnets de consommation de 7 jours, dans lesquels les sujets indiquent de façon la plus détaillée possible tous les aliments et boissons consommés au cours de la journée en estimant leurs quantités. Ces données sont les plus proches des consommations réelles des individus. Ce sont les données utilisées en nutrition, notamment pour caractériser les régimes alimentaires des populations.

Dans cette synthèse de FranceAgriMer, deux autres outils moins directs ont été utilisés pour évaluer la consommation de produits carnés par individu.

Le calcul par bilan

Le premier correspond au calcul par bilan, qui consiste à évaluer la disponibilité nationale des viandes pour l’alimentation. Le calcul s’effectue selon la formule suivante : consommation = abattages + importations – exportations ± variations de stocks.  Il s’agit de la méthode la plus fiable et la plus pertinente pour les approches macro-économiques. En divisant par le nombre d’habitants, on obtient une consommation individuelle « apparente ». Cette consommation apparente se base sur le poids des carcasses au stade de la pesée en abattoir et comptabilise donc les os et le gras qui ne sont pas consommés. À titre d’exemple pour la viande bovine, l’Institut de l’élevage a estimé le rendement carcasse moyen à environ 70 %. Un coefficient de cet ordre de grandeur devrait donc être appliqué pour se rapprocher des consommations réelles. Enfin, ces données représentent la production de viandes destinées à la consommation et non la consommation des individus à proprement parler. Elle intègre donc la viande qui sera potentiellement gaspillée au stade de la distribution ou à domicile.

Les achats effectués par les ménages

Le dernier outil d’évaluation utilisé dans ce rapport correspond au « panel consommateur » fourni par l’institut Kantar. Il mesure les achats effectués par les ménages pour leur consommation à domicile relevés auprès d’un panel de consommateurs représentatifs de la population française. Ce calcul ne porte donc que sur une partie de la consommation. Il ne couvre pas, par exemple, la consommation de viande dans le cadre de la restauration hors domicile, ou bien celle relevant d’ingrédients dans les plats préparés (e.g. lardons dans les quiches). De plus, il s’agit de données par ménage et non par individu.

Source : FranceAgriMer

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