Moduler les coûts ACV des viandes bovines et ovines en fonction des services écosystémiques qui leurs sont associés (TRADUCTION)
Un nouvel article scientifique vient d’être publié à propos de l’étude Interbev intitulée « Moduler les coûts des viandes bovines et ovines en tenant compte des services rendus par la nature ». L’étude compare deux façons de mesurer l’impact de la production de viande : d’une part, l’Analyse en Cycle de Vie (ACV), qui calcule surtout les effets négatifs sur l’environnement, comme les émissions de gaz à effet de serre (GES) et, d’autre part, l’évaluation des services écosystémiques rendus, tels que la pollinisation ou la protection des sols, souvent ignorés par l’ACV. Finalement, l’article montre que les systèmes ruminants ont de meilleures performances dans l’évaluation des services écosystémiques que les systèmes monogastriques qui présentent des impacts d’ACV plus faibles par kg de protéines. Les systèmes de production animale peuvent donc différer dans leurs contributions positives à l’environnement et leurs impacts environnementaux négatifs.
L’analyse du cycle de vie (ACV) et l’évaluation des services écosystémiques (ESE) sont souvent utilisées pour l’évaluation environnementale. L’ACV a été de plus en plus utilisée au cours des deux dernières décennies pour évaluer les systèmes agroalimentaires et a établi que les produits issus de ruminants ont des impacts plus élevés par kg de protéines que les produits issus d’espèces monogastriques. Inversement, l’ESE est moins utilisée, mais elle est susceptible de mieux classer les systèmes de ruminants que les systèmes monogastriques, car les premiers comprennent souvent des prairies qui peuvent fournir des niveaux élevés de services écosystémiques (SE) de régulation. Dans cette étude, des chercheurs français ont appliqué les deux méthodes à une sélection de systèmes de production animale contrastés axés sur la viande et comprenant soit des ruminants, soit des monogastriques (6 de chaque). Seize catégories d’impact environnemental dans l’ACV et deux unités fonctionnelles (le kg de protéines comestibles par l’homme (PCH) et le m2 de terres occupées par an) ont été prises en compte. Les chercheurs ont utilisé l’étape de l’inventaire de l’ACV pour caractériser l’occupation des terres des systèmes, c’est-à-dire les types de couverture terrestre utilisés, tels que les terres cultivées et les prairies. Sur la base de ces couvertures terrestres et de la quantification des SE qu’elles fournissent, une ESE a ensuite été réalisée pour chaque système.
Des contributions environnementales supérieures pour les ruminants
Les résultats indiquent que les systèmes de ruminants ont des impacts environnementaux plus élevés que les systèmes monogastriques par kg de PCH pour les 16 catégories d’impact de l’ACV étudiées. Par exemple, pour les ruminants et les monogastriques, les émissions moyennes de gaz à effet de serre (GES) étaient respectivement de 280 contre 32 kg d’équivalent CO2 (P = 0,002), et l’utilisation moyenne d’énergie fossile était respectivement de 351 contre 189 MJ (P = 0,009). En revanche, la tendance était inverse pour les impacts par m2/an, avec des émissions moyennes de GES de 0,50 contre 0,57 kg CO2-eq. (P = 0,485) et une utilisation moyenne d’énergie fossile de 0,71 contre 3,63 MJ (P = 0,002) pour les ruminants versus les monogastriques. En outre, les systèmes de ruminants avaient une plus grande capacité à fournir des SE régulateurs que les systèmes monogastriques, avec des scores moyens respectivement de 2,4 et 1,2 (P = 0,002), en raison des multiples types de prairies présents dans les systèmes de ruminants.
L’application de l’ACV et de l’ESE à une gamme de systèmes de production animale contrastés représente l’originalité de cette étude. Selon l’ESE, les systèmes de ruminants ont des contributions environnementales positives plus élevées que les systèmes de monogastriques. L’étude a également montré que les cadres de l’ACV et de l’ESE peuvent être en accord ou en désaccord sur les évaluations des systèmes de production animale en fonction de l’unité fonctionnelle utilisée (par exemple, accord par unité de terre occupée mais désaccord par unité de protéines comestibles).
Référence : Joly F, Roche P, Fossey M, Rebeaud A, Dewulf J, van der Werf HMG, Boone L. How closely do ecosystem services and life cycle assessment frameworks concur when evaluating contrasting animal-production systems with ruminant or monogastric species? Animal. 2024 Nov 6;18(12):101368.
Source : Animal
À voir aussi
-
Environnement14 janvier 2025
Stratégies d’adaptation des petits exploitants agricoles face au changement climatique et impact sur la productivité du bétail en zones rurales (TRADUCTION)
Cette revue de la littérature scientifique contribue à une meilleure compréhension de la manière dont les petits exploitants agricoles font face aux défis actuels posés par le changement climatique. Elle fournit également des indications à l’attention des décideurs politiques souhaitant renforcer la résilience de l'agriculture dans les zones rurales. Le changement climatique pose de nombreux… -
Environnement14 janvier 2025
Quelles pratiques durables pour minimiser les émissions de GES en agriculture ? (TRADUCTION)
Nourrir une population mondiale croissante tout en préservant l'environnement est l'un des grands défis de notre siècle. L'agriculture, qui est à la fois victime et responsable du changement climatique, est au cœur de cette problématique. Cet article analyse les liens entre les pratiques agricoles et les émissions de gaz à effet de serre (GES), en… -
Environnement14 janvier 2025
Évaluation de la relation entre production végétale, animale et émissions de CO2 (TRADUCTION)
À la fin des années 1900, on a observé une tendance notable à l'urbanisation rapide dans le monde entier, qui a coïncidé avec une augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. La production agricole, stimulée par l'expansion du commerce, est reconnue comme l'un des principaux facteurs de pollution mondiale et d'appauvrissement de la…