Viande rouge et risque de maladies chroniques : attention au rôle confondant des autres facteurs alimentaires.
Selon cette étude finlandaise publiée en Mai 2015, la consommation élevée de viande rouge et de produits dérivés est corrélée à une alimentation de plus faible qualité nutritionnelle. Ces facteurs confondants doivent mieux être pris en considération dans les études épidémiologiques sur la consommation de viande et la santé, notamment dans l’analyse de leurs résultats. Contexte et objectif : Dans plusieurs études épidémiologiques, une consommation élevée de viande a été associée à l’augmentation du risque d’obésité et de maladies chroniques. Mais nombre d’études rapportent également que le régime alimentaire dans sa globalité a davantage d’influence sur les paramètres de santé qu’une catégorie d’aliments en elle-même. Les auteurs ont donc cherché à savoir si une grande consommation de viandes rouges et de produits dérivés (charcuterie, etc.) est associée à une moindre qualité du régime alimentaire en examinant : des relations éventuelles avec des habitudes alimentaires qu’ils estimaient délétères pour la santé (évaluées selon l’apport en nutriments particuliers), avec des groupes d’aliments spécifiques ou encore au regard du régime alimentaire pris dans son ensemble. Ils ont aussi cherché à savoir si elle est associée à l’obésité. Méthodologie : L’étude a été réalisée auprès d’un échantillon de sujets représentatifs de la population finlandaise : 2190 hommes et 2530 femmes de 25-74 ans. Leurs consommations des 12 mois précédents l’étude ont été estimées selon un questionnaire de fréquence de 131 items (validé). Les données ont été ajustées selon l’âge, l’apport énergétique, le niveau d’études, l’activité physique et le tabagisme. Résultats : Une association linéaire est observée entre une consommation élevée de viandes (rouges et produits dérivés combinés) et un faible niveau d’étude, d’activité physique, le tabagisme et l’obésité. Dans cette population, les grands consommateurs de viande consomment 5 à 6 fois plus de viande que les petits consommateurs de viande. Une consommation élevée de viandes rouges et produits dérivés est inversement associée à celle de fruits, céréales complètes, graines oléagineuses et positivement associée à celle de pommes de terre, huile et café, chez les hommes comme chez les femmes. Elle est aussi associée inversement à la qualité nutritionnelle du régime alimentaire. Une analyse de régression linéaire indique que la forte consommation de viandes est positivement associée à l’IMC des hommes et des femmes même après les ajustements sur les autres aliments. La seule différence importante observée entre la viande rouge et ses produits dérivés concerne leur association avec la consommation de légumes : elle est positive avec la viande rouge chez les hommes (non significative chez les femmes) tandis qu’elle est inverse avec les produits dérivés de la viande rouge chez les hommes et les femmes. Conclusion : Les auteurs concluent que la consommation de viande est associée à celle d’aliments typiquement considérés comme de faible qualité nutritionnelle. Comme on le sait les facteurs confondant sont très importants en matière d’études épidémiologiques en relation avec l’alimentation. Cette nouvelle étude en est la démonstration. Cela rend plus complexe l’analyse des données issues des études épidémiologiques sur la consommation de viande et la santé. Source : Associations between red and processed meat consumption and chronic diseases: the confounding role of other dietary factors. M Fogelholm, N Kanerva and S Männistö. Eur J Clin Nutr 2015 May 13
Article 27/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"
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