Consommation de viande et risque de cancers : revue des récentes méta-analyses
Les auteurs de cette revue de la littérature scientifique estiment qu’une consommation élevée de viandes rouges est associée à une augmentation du risque (Risque Relatif*), au sens des études épidémiologiques) de cancers colorectal, du poumon, de l’œsophage et de l’estomac. Méthodologie : 42 méta-analyses ont été inclues (12 sur le cancer colorectal, 6 sur le cancer de l’œsophage, 4 sur le cancer de l’estomac, 3 sur les cancers du sein et du rein, 2 sur les cancers du poumon, pancréas, vessie et ovaires et un sur le lymphome non hodgkinien, endomètre, prostate, cavité orale et foie). Résultats : L’analyse des auteurs rapporte certaines relations entre la consommation de viande et le cancer : le risque (Risque Relatif*) de cancer colorectal est associé à une consommation élevée de viandes (totale) dans environ la moitié des études (46%). Celle des viandes rouges est associée au cancer en général dans 73 % des études et en particulier à celui colorectal (100% des études), du poumon (100%), de l’œsophage (100%) et de l’estomac (100%). L’estimation du risque varie selon les études. Celles-ci rapportent pour la plupart un risque pour le groupe « viande rouge totale » (entre 1.10-1.38) mais ce groupe inclue les viandes rouges transformées. Les données rapportent très rarement un risque pour le groupe « viande rouge non transformée ». Aucune association n’est notée dans le cas du cancer de l’ovaire, de la prostate, du pancréas ou du foie. Au sein de ces viandes rouges, la consommation importante de viande de bœuf est associée au risque de cancer dans ¾ des études tandis que celui-ci n’est pas augmenté par de larges consommations de porc (100%). Les données sont hétérogènes concernant l’agneau. Les viandes rouges transformées sont associées au risque de cancer colorectal (88%), de l’œsophage (83%) de l’estomac (100%) et de la vessie (100%). Pas à ceux du poumon, pancréas, foie, prostate. Les viandes blanches ne sont pas associées au risque de cancer sauf dans le cas du cancer rénal avec la volaille. Les auteurs indiquent les hypothèses de mécanisme d’action impliquant l’action des composés cancérigènes (amines hétérocycliques, hydrocarbures aromatiques polycycliques, composés n-nitrosés, acides gras oméga-3 et hème) sur l’inflammation et l’immunité. Les viandes rouges étant plus riches en certains de ces composés que les viandes blanches. Les auteurs font cependant remarquer que les méthodologies sont très variées d’une étude à l’autre et notamment la définition des viandes (rouge, transformées,…), et des catégories de viande (inclusion/exclusion du cheval et du porc) qui peuvent varier selon les pays ou régions du monde considérés. Conclusion : Les auteurs concluent que la consommation de viandes rouges et viandes transformées devrait être limitée à <300g/semaine et rapprochent cette recommandation des récentes données du IARC invitant à limiter également ces consommations pour réduire le risque de cancer. Source : Meat consumption and cancer risk: a critical review of published meta-analyses. Lippi G, Mattiuzzi C, Cervellin G. Crit Rev Oncol Hematol. 2015 Nov 17. pii: S1040-8428(15)30078-0. * Rappel sur les notions de risque utilisées dans les études épidémiologiques : Par « augmentation du risque », une étude épidémiologique entend qu’une association positive a été établie par calculs statistique entre les consommations élevées d’un aliment (viandes dans le cas présent) et le risque d’apparition d’une maladie (tel ou tel cancer). Il ne s’agit pas d’une relation démontrée de cause à effet mais d’une relation observée par traitements statistiques. Il s’agit d’un Risque Relatif (RR), c’est à dire un risque calculé par comparaison : souvent il s’agit de comparer le nombre de personnes qui ont eu le cancer en question au sein du groupe de population présentant des consommations de viandes rouges ou de viandes transformées élevées par rapport à celui du groupe dont les consommations sont faibles. Pour qu’un RR soit considéré comme ou « vrai » ou significatif du point de vue statistique, c’est-à-dire que l’on n’ait que 5 % de chances de se tromper en affirmant qu’il est augmenté (RR >1) ou diminué (RR <1), l’intervalle de confiance à 95 % (IC 95 %) qui donne la fourchette de la probabilité ne doit pas contenir le chiffre 1 (1 = probabilité égale d’avoir ou de ne pas avoir de maladie). La valeur de la probabilité de se tromper (p) en général acceptée est 0.05.
Article 19/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"
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