Impacts environnementaux des consommations alimentaires aux Etats Unis (étude)
Selon cette récente étude, suivre les nouvelles recommandations alimentaires américaines augmenterait l’empreinte hydrique, l’utilisation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre des consommations des américains par comparaison avec leur régime moyen actuel. Les auteurs mettent en avant la complexité de l’impact environnemental des comportements alimentaires et la nécessité de considérer à la fois les valeurs nutritionnelles et les implications environnementales des choix alimentaires avant de formuler des recommandations. Les recommandations alimentaires américaines dans leurs grandes lignes : contrairement aux précédentes, les récentes recommandations alimentaires américaines émises par l’USDA commencent à intégrer la notion d’effets environnementaux. Les « Dietary Guidelines » recommandent » une alimentation saine comprenant toutes les catégories de produits alimentaires et de boissons dans un niveau de calorie approprié ». D’un point de vue nutritionnel, ils préconisent de limiter l’apport calorique global, l’apport en acides gras saturés (à moins de 10 % de l’apport énergétique journalier) et l’apport en sucres ajoutés (à moins de 10 % de l’apport énergétique journalier) et l’apport en sel (moins de 2,3 g/jour de sodium). Cette alimentation saine comprend : une variété suffisante de légumes, légumines secs et féculents, des fruits (bruts de préférence), des céréales avec au moins la moitié de céréales complets, des produits laitiers 0 % ou peu gras, une variété de sources protéiques incluant des viandes maigres et de la volatile, du poisson, des œufs et des protéines végétales (légumes secs, soja, oléagineux). Ce guide va jusqu’à donner pour chacune de ces catégories d’aliments des quantités recommandées en fonction de l’apport calorique journalier. Il préconise par exemple pour les « aliments sources de protéines » : 60 g par jour pour 1000 kcal à 170 g pour 2200 kcal, soient, entre 60 g et 800 g par semaine de « viande et volaille, poisson, œuf » + de 85 à 255 g par semaine de poissons et autres « produits de la mer » + de 60 à 140 g par semaine d’aliments sources de protéines végétales. Objectif et méthodologie de l’étude : L’objectif de cette étude était donc d’analyser les implications de différents types de régimes alimentaires en prenant en compte trois critères environnementaux étaient pris en considération : l’impact sur l’utilisation d’énergie, sur l’empreinte eau bleue (eaux de surface et souterraines) et sur les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les chercheurs ont d’abord analyser l’impact du régime alimentaire courant de la population américaine puis ils ont étudié l’effet d’une transition vers les recommandations alimentaires de l’USDA de 2010 sur ces impacts. Trois scénarios alimentaires fondés, en partie, sur les recommandations américaines de l’USDA de 2010 ont été examinés : (1) La réduction des niveaux d’apport calorique pour atteindre un poids «normal» sans passer à la consommation d’autres aliments ; (2) Changer les aliments consommés habituellement pour répondre aux profils alimentaires recommandés par l’USDA, sans réduction de l’apport calorique ; (3) La réduction des niveaux d’apport calorique et la transition vers les aliments recommandés par l’USDA. Résultats : Le passage du régime actuel américain au scénario alimentaire (1) diminue la consommation d’énergie, l’empreinte eau bleue et les émissions de GES de l’ordre de 9%, tandis que le passage au scénario alimentaire (2) augmente la consommation d’énergie de 43%, l’empreinte eau bleue de 16% et les émissions de GES de 11%. Enfin, le passage au scénario (3), qui porte à la fois sur la réduction de l’apport calorique et le passage aux recommandations de l’USDA augmente la consommation d’énergie de 38%, l’empreinte eau bleue de 10% et les émissions de GES de 6%. Ces données montrent aussi que les bénéfices supposés d’une réduction de la consommation de viande en matière d’impact carbone peuvent être annulés par l’augmentation de la consommation d’autres aliments, avec pour conséquences un impact environnemental important. En effet, les recommandations de l’USDA proposent de consommer davantage de fruits et légumes, de produits laitiers et de poissons et fruits de mer, dont l’impact carbone estimé par calorie est relativement élevé et qui sont associés à une utilisation importante des ressources. Conclusion : Comme le montrent ces résultats, l’impact environnemental des comportements alimentaires est plus complexe qu’on ne le croit. Pour les auteurs de la publication, les décideurs doivent désormais considérer à la fois les valeurs nutritionnelles et les implications environnementales des choix alimentaires avant de formuler des recommandations, ce qui nécessite une coopération entre décideurs politiques, responsables de santé et consommateurs. Source : Energy use, blue water footprint, and greenhouse gas emissions for current food consumption patterns and dietary recommendations in the US. Michelle S. Tom, Paul S. Fischbeck, Chris T. Hendrickson. Environment Systems and Decisions, 2015
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