Rapport européen sur la résistance aux antimicrobiens en 2017 (Efsa, ECDC)
Les données publiées fin février par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) révèlent que les antimicrobiens utilisés pour traiter des maladies transmissibles entre l’animal et l’homme – telles que la campylobactériose ou la salmonellose – perdent de leur efficacité.
Vytenis Andriukaitis, commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire, a déclaré : « Le rapport publié aujourd’hui constitue un nouveau signal d’alarme. Cela montre que nous entrons dans un monde où il devient difficile, voire parfois impossible, de traiter un nombre croissant d’infections courantes. Pourtant, on observe que les politiques nationales ambitieuses mises en œuvre par certains pays pour limiter l’utilisation d’antimicrobiens ont permis de générer une diminution de la résistance aux antimicrobiens. Par conséquent, avant que la sonnette d’alarme ne devienne une sirène assourdissante, il est indispensable que nous agissions tous ensemble, à travers les frontières et dans l’ensemble des secteurs de la santé publique, de la santé animale et de l’environnement, dans le cadre de l’approche globale ‘Un monde, une santé’ »
Selon le rapport, qui fait référence aux données de 2017, dans certains pays, la résistance aux fluoroquinolones (comme la ciprofloxacine) est si élevée dans les bactéries Campylobacter que ces antimicrobiens ne fonctionnent plus pour traiter les cas graves de campylobactériose.
La plupart des pays signalent par ailleurs que les bactéries Salmonella chez l’Homme deviennent de plus en plus résistantes aux fluoroquinolones. La multirésistance (résistance à trois antimicrobiens ou plus) est élevée dans les bactéries Salmonella chez l’Homme (28,3 %) et chez les animaux, particulièrement en ce qui concerne le sérotype S. Typhimurium.
Quant à Campylobacter, des proportions élevées à extrêmement élevées de bactéries se sont avérées résistantes à la ciprofloxacine et aux tétracyclines. Cependant, la résistance combinée à des antimicrobiens d’importance critique était faible à très faible pour Salmonella et Campylobacter chez l’Homme et l’animal, et pour la bactérie indicatrice E. coli chez les animaux.
Le temps de l’action
« Le moment est venu de renverser la tendance face à la résistance aux antimicrobiens si nous voulons que les antibiotiques continuent d’agir, a déclaré Mike Catchpole, scientifique en chef à l’ECDC. Nous sommes face à une situation particulièrement inquiétante lorsqu’il s’agit de résistance combinée : même des proportions faibles signifient que des milliers de patients à travers l’UE disposent d’options de traitement limitées pour certaines infections graves. »
Marta Hugas, scientifique en chef à l’EFSA, a déclaré : « Nous avons constaté que lorsque les États membres mettent en œuvre des politiques strictes, la résistance aux antimicrobiens diminue chez les animaux. Les rapports annuels fournis par certaines agences européennes et nationales incluent des exemples remarquables. Ceci devrait être une source d’inspiration pour d’autres pays. »
Le rapport conjoint, qui présente les données collectées dans 28 États membres chez l’Homme, les porcs et les veaux âgés de moins d’un an confirme l’augmentation de la résistance aux antibiotiques déjà identifiée au cours des années précédentes.
En juin 2017, la Commission européenne a adopté le plan d’action « Un monde, une santé » de l’UE contre la résistance aux antimicrobiens, appelant à une action efficace contre cette menace et reconnaissant qu’il est nécessaire de la combattre à la fois à l’échelle de la santé humaine, de la santé animale et de l’environnement. Une utilisation prudente des antimicrobiens est cruciale pour limiter l’émergence et la propagation de bactéries résistantes aux antibiotiques chez l’Homme et chez l’animal.
Source : EFSA.
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Article 1/17 du dossier "L’antibiorésistance des bactéries d’origine animale"
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