Le pâturage en cure de plantes à tannins limite-t-il le parasitisme des agneaux d’herbe ?
Les premiers résultats ne montrent pas de diminution de l’excrétion en strongles gastro intestinaux pour des agneaux qui pâturent une parcelle de plantes à tannins sous forme d’une cure. Cependant, plusieurs questions restent posées.
Selon plusieurs études réalisées in vitro, les plantes riches en métabolites secondaires bio-actifs dont les tannins condensés posséderaient des propriétés thérapeutiques et pourraient constituer une méthode alternative ou complémentaire à l’utilisation d’anthelminthiques de synthèse pour la maîtrise des nématodes gastro-intestinaux. En effet, la consommation de tannins aurait pour conséquence soit une baisse de la charge parasitaire, soit une diminution de la fertilité des vers femelles. Cette diminution d’œufs rejetés contribuerait à réduire la contamination des pâtures et à ralentir ainsi la dynamique des infestations. Au cours des étés 2017 et 2018, deux lots d’agneaux conduits au pâturage, non complémentés en concentré, ont été comparés au CIIRPO, sur le site du Mourier. L’un d’entre eux pâturait une prairie temporaire ne contenant pas de plante à tannins. Le second pâturait avec une alternance de 10 jours une prairie temporaire du même type que le lot témoin et une parcelle « alicament » composée de chicorée, plantain et lotier, espèces fourragères riches en métabolites secondaires bio-actifs.
Les mêmes taux d’excrétion
Les analyses de crottes réalisées au cours de ces deux essais sur 10 agneaux par lot et toutes les deux ou trois semaines au cours de l’étude n’ont pas montré de diminution du nombre d’œufs de strongles gastro intestinaux au cours des différents points de contrôle (graphe).
De la croissance en plus
Dans le rumen et le tube digestif, les plantes à tannins forment des complexes avec diverses macromolécules en particulier les protéines. Cette capacité leur assure une protection vis-à-vis des dégradations ruminales et entraîne une absorption accrue d’acides aminés. Ce phénomène expliquerait les effets bénéfiques de l’ingestion de légumineuses contenant des tannins condensés sur les paramètres zootechniques. Au cours des deux essais, une amélioration des croissances des agneaux a effectivement été enregistrée. En effet, en 2017, les agneaux qui ont bénéficié de la parcelle « alicament » ont présenté des croissances supérieures de 17 % avec une moyenne de 176 g par jour sur les 86 jours de suivi en comparaison des agneaux pâturant exclusivement des graminées et des légumineuses. En 2018, l’écart mesuré entre les deux modalités a été de 8 % avec une croissance de 216 g par jour pour le lot qui a consommé les plantes à tannins.
Les essais se poursuivent
Si le pâturage en cure de 10 jours en alternance avec une prairie sans plantes en tannins n’a pas répondu aux objectifs de diminution de l’excrétion en œufs de strongles gastro intestinaux, des questions restent posées :
- La teneur en tannins était-elle suffisante au moment du
pâturage ? - Le niveau d’ingestion des agneaux est-il suffisamment élevé ?
- L’association des 3 plantes a-t-elle atténué leur efficacité ?
Source : Idele.
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