Combiner les performances économiques et environnementales grâce à la conduite de troupeau (TRADUCTION)
Dans cette étude menée en Suède, les chercheurs ont comparé différentes stratégies de gestion du troupeau en vue d’améliorer la longévité et les performances des vaches pour une exploitation plus durable sur les plans à la fois économique et environnemental. Il en ressort que réduire le nombre de génisses de remplacement nécessaires en améliorant les performances reproductives des vaches est essentiel pour augmenter leur longévité et leur rentabilité, tout en réduisant les émissions de méthane entérique du troupeau, sans compromettre la production de lait et de viande.
La production durable de lait et de viande bovine apporte des valeurs environnementales, économiques et sociales qui peuvent être maximisées en optimisant les stratégies de gestion des troupeaux. La durée de vie d’une vache laitière par exemple est influencée par les trois piliers de la durabilité et dépend fortement de la gestion du troupeau. Malgré les améliorations génétiques, le taux de réforme n’a pas réellement progressé, ce qui génère des coûts d’élevage élevés. Cette étude a évalué, d’une part, différentes stratégies de gestion du troupeau pour améliorer la longévité des vaches et, d’autre part, leurs effets sur les émissions de méthane entérique (CH4) et la rentabilité de la production de lait et de viande bovine des vaches laitières et de leur progéniture.
Huit scénarios de gestion de troupeau étudiés
Le scénario de base, un troupeau Holstein suédois moyen de 100 vaches, a été comparé à sept scénarios simulés à l’aide d’un modèle stochastique de simulation de troupeau (SimHerd). Deux de ces scénarios impliquaient une amélioration de la santé et de la survie des vaches dans le troupeau, trois une amélioration de la reproduction, un autre examinait les conséquences du maintien de toutes les génisses excédentaires dans le troupeau, et un dernier analysait l’utilisation de semences sélectionnées pour maximiser l’obtention de femelles et l’insémination du reste du troupeau avec de la semence bovine non sélectionnée, afin d’éviter les génisses de remplacement excédentaires.
Améliorer la fertilité pour augmenter la durée de vie productive par vache
L’amélioration de la fertilité est ressortie comme le facteur ayant permis d’obtenir l’effet le plus important avec une augmentation de la durée de vie productive par vache (3,8 ans contre 2,8 ans dans le scénario de base), une plus grande utilisation de semence de bœuf, la réduction du nombre de génisses de remplacement et un meilleur profit (98 €/vache/année de plus que dans le scénario de base). En revanche, le fait de garder toutes les génisses excédentaires au lieu de produire des veaux croisés bovins-lait diminue le nombre d’années productives de 0,8 an et réduit le bénéfice de 22 €/vache/année. Le bénéfice quant à lui s’avère fortement associé aux coûts liés aux génisses de remplacement.
Améliorer la santé, la survie ou la fertilité pour réduire les émissions de méthane
La plus forte production de viande bovine (+ 3 369 kg/an par rapport au scénario de base) a été obtenue en gardant toutes les génisses et en réformant une grande partie des vaches laitières. Cependant, ce scénario a également généré des émissions de CH4 entérique beaucoup plus importantes (+1 257 kg/an). L’amélioration de la santé, de la survie ou de la fertilité a permis de réduire les émissions de CH4 entérique de 90 à 255 kg/an, tandis que la production annuelle totale de viande bovine variait de -59 kg à +556 kg par rapport au scénario de base.
Les auteurs concluent de l’ensemble de ces résultats que réduire le nombre de génisses de remplacement nécessaires en améliorant les performances reproductives des vaches est essentiel pour augmenter leur longévité et leur rentabilité, tout en réduisant les émissions de méthane entérique du troupeau, sans compromettre la production de lait et de viande.
Référence : Clasen JB, Fikse WF, Ramin M, Lindberg M. Effects of herd management decisions on dairy cow longevity, farm profitability, and emissions of enteric methane – a simulation study of milk and beef production. Animal. 2023 Dec 12; 18(2):101051 (PDF en libre accès)
Source : Animal
À voir aussi
-
Environnement24 mars 2025
Le stress thermique a un impact significatif sur les émissions de méthane des bovins (TRADUCTION)
Cette étude montre que le stress thermique induit par le réchauffement climatique peut augmenter l'intensité des émissions de méthane entérique des bovins de 0,8 à 6,6 % selon les scénarios. Afin de contrer ce cercle vicieux, il est donc urgent d’inclure des stratégies d'atténuation du stress thermique à la gestion des troupeaux dans une démarche… -
Environnement24 mars 2025
Réchauffement climatique : 8,5 W/m² économisés grâce à l’albédo des prairies
L’albédo est la quantité de rayonnement solaire réfléchie par une surface. Peu connu du grand public, il s'impose aujourd’hui comme un levier contre le réchauffement climatique, au même titre que le stockage du carbone des prairies. Un document de l’Institut de l’élevage (Idele) résume les principaux résultats d’une étude montrant ainsi l’effet « refroidissant » de la… -
Environnement24 mars 2025
Tarification des émissions de GES en France : une approche sectorielle inégale
Une publication du Commissariat général au développement durable (CGDD) analyse la tarification effective des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, révélant des disparités significatives entre les secteurs. Il souligne que les émissions liées à la consommation d'énergie sont tarifées plus fortement que celles d'origine non énergétique. Ainsi, l'agriculture affiche la tarification…