Alimentation bio et cancer : des conclusions trop hâtives selon l’Académie de médecine (Article de synthèse)
L’Académie de Médecine publie un communiqué alertant quant aux interprétations trop hâtives des résultats épidémiologiques. En cause : une étude récente ayant conduit à la médiatisation d’un lien de causalité, non fondé à ce jour, entre alimentation bio et risque réduit de cancers.
« Manger bio diminuerait le risque de cancer de 25 % », avaient titré certains journaux après la publication en octobre 2018 des travaux d’une équipe française reconnue dans la revue JAMA International Medecine. Dans cette étude issue de la cohorte Nutrinet-Santé, les chercheurs comparaient le nombre de cancers observés chez des personnes affirmant consommer une alimentation bio et ceux qui n’en consommaient pas… et concluaient que la consommation d’une alimentation bio réduisait le risque d’incidence de certains cancers. Sauf que tout n’est pas si simple et que les conclusions sont jugées trop hâtives par l’Académie nationale de médecine, dans un communiqué daté du 4 avril 2019.
Trois biais méthodologiques
Si l’Académie nationale de médecine ne remet pas en cause l’intérêt de cette étude ni l’important travail des auteurs, elle pointe du doigt « un certain nombre de biais méthodologiques qui ne permettent pas de soutenir les conclusions des auteurs ». Trois points sont ainsi mis en avant :
- Les deux groupes de personnes évaluées diffèrent non seulement par le fait que les uns consomment une alimentation bio, mais également par d’autres facteurs susceptibles d’expliquer à eux seuls une différence : le sexe, l’âge de la première grossesse (facteur déterminant pour le risque de cancer du sein), la consommation de fruits et légumes, le niveau socio-économique, l’activité physique…
- Les sujets inclus dans l’étude devaient dire s’ils consommaient une alimentation bio de temps en temps, sans précision ni sur la quantité ni sur la durée de cette consommation.
- Enfin la survenue de cancers était appréciée sur 4,5 ans, une période très courte au regard du temps de genèse d’un cancer en lien avec une exposition répétée à des produits.
Trop tôt pour parler de causalité
Ainsi, même si elle reconnaît que cette étude met en évidence un « signal » entre une alimentation bio et la moindre survenue d’un cancer, l’Académie nationale de médecine considère qu’à ce jour, au vu de cette seule étude, « le lien de causalité entre alimentation « bio » et cancer ne peut être affirmé et invite à la prudence dans l’interprétation trop rapide de ces résultats ».
Source : Académie Nationale de médecine.
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