Aliments d’origine animale et cancer du sein : une étude prospective lève le voile
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Les produits d’origine animale augmentent-ils le risque de cancer du sein ? Peut-être mais pas forcément ceux que l’on croit… Dans une étude de cohorte anglaise ayant inclus plus de 3 200 femmes ménopausées, seule la consommation d’œufs était corrélée au risque de cancer du sein.
Le surpoids et la consommation d’alcool sont les principaux facteurs de risque mis en avant pour le cancer du sein en post-ménopause (voir article « Viande et cancer : les conclusions du dernier rapport du WCRF »). En revanche, le rôle de l’alimentation sur le risque de cancer du sein n’est pas encore clair, mais les aliments d’origine animale pourraient être impliqués, par exemple via la voie du facteur de croissance IGF-1 ou le métabolisme du cholestérol. Le but de cette étude était d’évaluer l’association entre l’alimentation d’origine animale et le risque de cancer du sein après la ménopause.
Une étude sur la cohorte de Rotterdam
Cette étude fait partie intégrante de l’étude de Rotterdam, une étude de cohorte prospective basée sur des sujets âgés de 55 ans et plus, dont 61 % de femmes. L’apport alimentaire de différents aliments d’origine animale a été évalué au départ à l’aide d’un questionnaire validé et ajusté en fonction de l’apport énergétique. Une modélisation a été réalisée pour analyser l’association entre la consommation des différentes sources alimentaires et le risque de cancer du sein, après ajustement en fonction de facteurs sociodémographiques, des modes de vie et de paramètres métaboliques.
Seule la consommation d’œufs serait associée à un risque accru de cancer du sein
Au cours d’un suivi médian de 17 ans (0-22 ans), les chercheurs ont identifié 199 cas de cancer du sein (6,2 %) chez 3 209 femmes. L’âge moyen du diagnostic était de 66 ans.
Les produits laitiers étaient les aliments d’origine animale les plus consommés (420 g/j dont 305,8 g de lait), suivis de la viande rouge (60,6 g/j) et des œufs (12,5 g/j). Après ajustement pour tenir compte des facteurs de confusion, aucune association n’a été observée entre la consommation de viande rouge, de volaille, de poisson ou de produits laitiers et le risque de cancer du sein.
Seule la consommation d’œufs était significativement associée à un risque plus élevé de cancer du sein (HR (Q4 vs Q1) = 1,83 ; IC 95% : 1,20-2,79 ; P=0-01).
Des résultats confirmés même après ajustements
L’ajustement en fonction de l’indicie de masse corporelle (IMC), l’apport total en graisses, les antécédents familiaux de cancer du sein et les taux d’hormones ne modifiaient pas les résultats. Après ajustement supplémentaire sur la consommation de soja, de noix et de légumineuses, ainsi que les indices de composition corporelle et les taux de cholestérol et d’hormones, la consommation accrue d’œufs était toujours associée à un risque considérablement accru de cancer du sein.
En conclusion, cette étude révèle que la consommation d’œufs, mais pas des autres aliments d’origine animale, pourrait être associée à un risque plus élevé de cancer du sein en post-ménopause. D’autres recherches s’imposent pour confirmer cette observation d’une part et pour étudier les mécanismes potentiels qui la sous-tendraient d’autre part.
Référence : Marcondes LH, Franco OH, Ruiter R, Ikram MA, Mulder M, Stricker BH, Kiefte-de Jong JC. Animal foods and postmenopausal breast cancer risk: a prospective cohort study. Br J Nutr. 2019 Mar 5:1-9. doi: 10.1017/S0007114519000072.
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