Analyse du cycle de vie : une nouvelle étude montre les limites des mesures statiques des émissions de GES (TRADUCTION)

La généralisation du potentiel de réchauffement global dans les analyses du cycle de vie (ACV) fait l’objet de critiques, notamment quant à son application aux systèmes alimentaires générant de grandes quantités de méthane (CH4). Dans cette étude anglaise, les chercheurs présentent une analyse comparative de diverses évaluations de l’impact climatique en utilisant l’exemple d’un système de production de viande bovine basé sur les pâturages. Les résultats confirment les limites des mesures statiques des émissions et la nécessité de faire preuve de prudence en matière d’ACV en particulier lorsqu’il s’agit de produire des données d’aide à la décision.

La grande majorité des analyses de durabilité agroalimentaire évaluent l’impact des produits sur le climat grâce au potentiel de réchauffement global (GWP100), généralement de manière isolée. Au cours des dernières années, des discussions ont critiqué l’application « généralisée » du GWP100 dans les analyses du cycle de vie (ACV), en particulier pour les systèmes alimentaires qui génèrent de grandes quantités de méthane (CH4). Certains experts se demandent si des mesures supplémentaires et/ou alternatives, comme le potentiel de changement de la température globale (GTP), ne seraient pas mieux adaptées à certaines circonstances ou questions de recherche.

 Une comparaison de diverses évaluations de l’impact climatique

Cet article présente une analyse de sensibilité à grande échelle utilisant un système de production de viande bovine basé sur les pâturages (gros producteur de CH4) comme exemple pour comparer diverses évaluations de l’impact climatique : les équivalents CO2 en utilisant le GWP100 et le GTP100, et les « équivalents réchauffement CO2 » en utilisant le « GWP Star ». L’inventaire de ce système a été établi à partir de données provenant de la Research and Innovation National Capability du Royaume-Uni, la North Wyke Farm Platform au sud-ouest de l’Angleterre. Les ACV peuvent avoir une incidence importante sur : (i) les décisions des décideurs politiques, (ii) les décisions de gestion des agriculteurs, (iii) les habitudes d’achat des consommateurs et (iv) l’ampleur de leurs perceptions quant à la durabilité ou non de certaines activités. Il incombe donc aux experts des ACV de veiller à ce que les décisions subjectives soient testées aussi solidement que possible par le biais d’analyses de sensibilité et d’incertitude appropriées.

 Les mesures statiques des émissions sont insuffisantes

Les chercheurs démontrent ici que le choix de l’évaluation de l’impact sur le climat a des effets considérables sur l’interprétation : le GWP100 et le GTP100 produisent des résultats sensiblement différents en raison de leur traitement différent du CH4 dans le contexte des équivalents CO2. Compte tenu de sa nature dynamique et de sa forte correspondance avec les modèles climatiques, sur les trois évaluations couvertes, le GWP Star représente l’évaluation fournissant la couverture la plus complète de l’évolution temporelle du changement de température pour différentes émissions de gaz à effet de serre (GES). Les auteurs approfondissent les discussions antérieures sur les limites des mesures statiques des émissions de GES et encouragent les praticiens de l’ACV à faire preuve de prudence et d’attention lorsque des informations supplémentaires ou des approches dynamiques peuvent s’avérer plus performantes d’un point de vue scientifique, en particulier dans les cas d’aide à la décision.

Référence : McAuliffe GA, Lynch J, Cain M, Buckingham S, Rees RM, Collins AL, Allen M, Pierrehumbert R, Lee MRF, Takahashi T. Are single global warming potential impact assessments adequate for carbon footprints of agri-food systems? Environ Res Lett. 2023 Aug 1;18(8):084014.

Source : Environmental Research