Apport de la sociologie à l’étude de la réduction d’usage des antibiotiques (Inra Productions Animales)

La mise en place du plan EcoAntibio visant à réduire les risques d’antibiorésistance a permis une forte mobilisation des différents partenaires de l’élevage et de la profession agricole dans les filières bovines. Des actions ont été menées à différentes échelles et des travaux de recherche conduits, notamment en sciences humaines et sociales. Cet article fait un point sur les avancées et actions en cours, et propose certaines perspectives1.

 

Introduction

Le développement des résistances aux antibiotiques en médecine humaine et animale, tant dans les pays développés que les pays en développement, fait peser le risque de se trouver, à moyenne échéance, dans une impasse thérapeutique pour le traitement des infections bactériennes humaines (Zahar et Lesprit, 2014). Aussi, afin de préserver le bien commun que sont les antibiotiques, les instances internationales (WHO, 2016 ; FAO, 2016 ; OIE, 2016) ont adopté des plans concertés pour optimiser l’usage des antibiotiques et promouvoir la recherche de solutions préventives ou alternatives, tant chez l’Homme que chez l’animal.

En France, sur le versant vétérinaire, un ensemble d’actions ont été entreprises dans le cadre du plan EcoAntibio 2017 (Ministère de l’agriculture, 2016) et l’objectif de réduction de 25 % de l’usage des antibiotiques en 5 ans a été atteint ; le plan EcoAntibio 2 (2017–2021) encourage la poursuite de ces activités pour pérenniser les efforts réalisés (Ministère de l’agriculture, 2017) et réduire de 50 % l’exposition des animaux de rente à la colistine, car c’est un antibiotique de dernier recours pour certaines infections chez l’Homme.

En filières bovines, il existe différents enjeux liés à l’usage des antibiotiques. La filière laitière est avant tout concernée par la question des infections de la mamelle, et viennent ensuite diverses maladies infectieuses moins fréquentes. En filière allaitante et boucherie, un enjeu important concerne la période néonatale (maladies néonatales) ainsi que les périodes d’allotement d’animaux pour l’engraissement (que ce soit les veaux ou les jeunes broutards), qui se traduisent par des risques importants de maladies infectieuses respiratoires nécessitant l’usage d’antibiotiques.

L’objectif de cet article est de faire le point sur l’usage des antibiotiques dans les filières bovines et son évolution, de présenter les différentes approches développées au cours des années passées pour faire évoluer cet usage ainsi que les freins rencontrés et les difficultés à les lever, puis d’envisager les perspectives pour aller plus loin dans cette évolution. Sont abordées notamment les approches préventives mises en œuvre, la rationalisation de l’utilisation des antibiotiques et le recours aux alternatives thérapeutiques. Un autre article sera consacré ultérieurement aux filières hors sol qui ont conduit des approches particulières pour réduire l’usage des antibiotiques, liées aux pratiques d’élevage hors sol et à leur organisation.

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Article 14/17 du dossier "L’antibiorésistance des bactéries d’origine animale"

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