Avis actualisé sur l’usage de la colistine chez l’animal dans l’UE (26 mai 2016 – EMA/231573/2016)

La colistine est un antibiotique utilisé en médecine vétérinaire, notamment dans les filières animales de production. En médecine humaine, elle n’est prescrite que pour le traitement d’infections dues à des bactéries à coloration de Gram négative résistantes aux autres antibiotiques (notamment les bactéries résistantes aux céphalosporines de troisième et quatrième générations et aux carbapénèmes). Du fait de l’absence de mécanisme connu de résistance à la colistine transférable entre bactéries, il n’a pas été recommandé jusqu’à présent d’inclure la colistine dans la liste des antibiotiques critiques utilisés en médecine vétérinaire. Cependant, en novembre 2015, le premier mécanisme de résistance à la colistine transférable (gène mcr-1 porté par un plasmide) a été décrit en Chine chez des bactéries isolées chez des porcs et des poulets, dans de la viande vendue au détail, mais aussi chez des souches bactériennes isolées chez l’Homme (Lancet Infectious Diseases, novembre 2015). Facilement transférable d’une bactérie à une autre, ce mécanisme de résistance a depuis été identifié dans d’autres régions du monde et en particulier en Europe. Il a été retrouvé dans des bactéries isolées chez des animaux d’élevages, dans des aliments ou encore chez l’Homme (moins de 1% des isolats cliniques en Europe). Des bactéries à coloration de Gram négative multirésistantes aux antibiotiques, et en particulier des entérobactéries résistantes aux carbapénèmes qui pourraient acquérir le gène mcr-1 ne seraient plus alors sensibles qu’à très peu d’antibiotiques et les infections dues à ces bactéries deviendraient très difficiles à soigner. A la lumière de ces nouveaux éléments scientifiques, l’EMA a réuni son Groupe d’experts sur l’antibiorésistance (AMEG) afin de procéder à la révision de son avis relatif à l’usage de la colistine en médecine vétérinaire, publié en 2013. Il est recommandé de diminuer au maximum les ventes de colistine pour un usage vétérinaire et de réserver cet antibiotique à un usage curatif vis-à-vis de certaines infections. La diminution d’utilisation de la colistine ne devra pas être compensée par l’augmentation d’utilisation d’autres antibiotiques et en particulier les fluoroquinolones ou les céphalosporines de 3ème et 4ème générations. La colistine devrait être ajoutée à la deuxième catégorie de la classification du Groupe d’experts, qui regroupe les médicaments dont l’utilisation doit être réservée au traitement d’infections chez l’animal pour lesquelles il n’y a pas d’autre traitement possible. Cette catégorie inclut certains d’antibiotiques classés comme antibiotiques critiques par l’Organisation mondiale de la santé. Agence européenne du médicament (European Medicines Agency,EMA)
À voir aussi
-
Santé animale13 février 2025
Épidémiosurveillance en santé animale : les dernières actualités
Le bulletin hebdomadaire de veille sanitaire internationale en santé animale (BHVSI-SA) de la plateforme ESA (Epidémiosurveillance Santé Animale) rapporte et met en perspective des signaux et des alertes en santé animale au niveau national et international. Les derniers bulletins font état de certains niveaux d’alerte à l’échelle nationale comme internationale. Ainsi, en Europe, 7 nouveaux… -
Médicament vétérinaire13 février 2025
Vaccination FCO/MHE : une boîte à outils pour accompagner les éleveurs
Face aux épizooties de maladie hémorragique épizootique (MHE) et de fièvre catarrhale ovine (FCO) qui touchent les élevages français depuis 2023, la vaccination s'impose comme la solution préventive la plus efficace. GDS France et la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) se mobilisent et mettent à disposition des éleveurs une série de supports informatifs… -
Santé animale14 janvier 2025
Rapport de synthèse de l’UE sur la surveillance des encéphalopathies spongiformes transmissibles en 2023 (TRADUCTION)
La surveillance des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) dans les élevages et la faune sauvage constitue un élément clé de la prévention et du contrôle de ces maladies neurodégénératives. Ce rapport publié dans le Journal de l’EFSA présente les résultats de la surveillance effectuée en 2023 dans l'Union européenne (UE) et plusieurs pays tiers. Les données…