Bases de données des émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation et études épidémiologiques nutritionnelles

Objectif : Le but de cette étude est de comparer et d’évaluer les forces et les limites d’une base de données des émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation, estimées avec une méthode hybride, avec les valeurs d’émissions de gaz à effet de serre extraites de la littérature. La France est le périmètre géographique considéré dans cette étude, mais la méthodologie pourrait être appliquée à d’autres pays. Méthodologie : Les émissions de gaz à effet de serre de 402 produits alimentaires représentatifs du régime français (INCA2) ont été estimées par une méthode hybride combinant les entrées et sorties à des approches d’analyse de cycle de vie, et comparées à une base de données réalisée à partir de la littérature existante. Résultats : Les données se sont avérés fortement corrélés (corrélation de Spearman était de 0,83), montrant un classement similaire des catégories d’aliments. Les valeurs médianes étaient significativement différentes pour seulement 5 catégories d’aliments (viandes ruminants, fromages, pomme de terre, légumes crus, fruits frais et transformés) sur 29, dont la catégorie des viandes de ruminants pour lesquelles la méthode hybride donnait des estimations inférieures à celles de la littérature existante. Une analyse spécifique pour la viande de bœuf indique une estimation de 15.89 eqCO2/kg par la méthode hybride tandis que la littérature indique 27.56 eqCO2/kg. Cette différence est due à la prise en compte du pays de production de la viande : 12 eqCO2/kg quand produite au Royaume Uni et 32 eqCO2/kg quand produite au Brésil. Or, plusieurs études de la littérature utilisent les 32 eqCO2/kg de la viande brésilienne dans leurs calculs. Pour les auteurs, il est inapproprié d’utiliser les émissions de gaz à effet de serre du bœuf provenant de fermes brésiliennes pour représenter l’impact de la consommation française alors que le marché français est composé à 80% d’une production nationale. Mais on ne peut pas non plus se baser sur les valeurs des viandes bovines produites au Royaume Uni (12 eqCO2/kg) ou en Suède (30 eqCO2/kg). Les données de la littérature rapportent des variations des estimations des émissions allant de 5 à 25eqCO2/kg de viande. Celles-ci dépendent fortement des conditions d’élevage : intensif ou non, nature et origine des aliments pour animaux, espèces animales, durée d’engraissement, prise en compte du stockage du carbone des prairies, allocation attribuée aux co-produits… Ce dernier point est un facteur important de différence entre les données de la littérature et la méthode hybride. Quoi qu’il en soit, l’estimation concernant la viande de bœuf par cette méthode (15.89 eqCO2/kg) est cohérente avec celle calculée par d’autres chercheurs avec le bœuf anglais (12eqCO2/kg). Conclusion : La méthode hybride permet de construire une base de données fiable, référencée et représentative des standards nationaux. Elle devrait être utile pour des évaluations plus fiables de l’impact environnemental des alimentations.
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