Consommation de viande rouge et cancer colorectal : une revue des données expérimentales
Contexte : L’implication des consommations élevées de viande rouge et de ses produits dérivés (charcuterie, etc.) dans le développement du cancer colorectal repose en grande partie sur des études observationnelles chez l’homme, en particulier dans les populations consommant un régime « de type occidental » (riche en viande et charcuterie mais aussi en céréales raffinées, matière grasse et sucre, pauvre en fibres, fruits et légumes, etc.). La détermination de la relation de cause à effet dépend de l’identification des mécanismes plausibles qui associe la consommation de viande avec le ou la promotion développement d’un cancer colorectal. Méthodologie: Les chercheurs américains, soutenus par la National Cattlemen’s Beef Association, ont réalisé une revue systématique des études sur les données mécanistiques pouvant expliquer les relations observées dans les études épidémiologiques entre les consommations élevées de viande rouge (brute et transformée) et le cancer colorectal. Sur 184 études identifiées, 40 utilisant des modèles animaux ou des cultures cellulaires répondaient aux critères d’inclusion, dont la plupart avaient été conçues pour examiner le rôle du fer héminique ou des amines hétérocycliques dans la carcinogenèse du côlon. Résultats : La plupart des études ont utilisé des niveaux de consommation de viande ou de composés provenant de la viande (Fer héminique, composés N nitrosés, nitrites, amines hétérocycliques, hydrocarbures aromatiques polycycliques…) bien supérieurs à ceux des régimes alimentaires humains. Dans le cas du fer héminique, plusieurs études testaient 0.5 mmol/kg alors que dans l’alimentation humaine, la moyenne consommée est d’environ 0.005 mmol/kg. Dans le cas du PhIP, les niveaux testés étaient aussi très supérieurs aux consommations moyennes (0.1-13.8µg/jour). De nombreuses expériences ont utilisé des régimes semi-purifiés conçus pour imiter les charges nutritives des régimes occidentaux actuels. La plupart ne contenaient donc pas les composés potentiellement actifs présents dans les aliments complets et ne pouvaient donc pas refléter les relations complexes du côlon avec le bol alimentaire. Les expérimentations ou des composés protecteurs (antioxydants, calcium, fibres, amidons résistants) étaient utilisés pour atténuer les niveaux élevés de viande ou de composés dérivés de la viande, montraient une protection vis-à-vis du cancer du côlon. Il est important de noter que la plupart des expériences ne comparent pas les effets de régimes sains (riche en fruits, légumes et céréales complètes) contenant différents niveaux de viande à ce qui se produit lorsque la viande est ajoutée à un régime alimentaire déséquilibre. Enfin, la majorité des études expérimentales ne durent qu’entre 2 à 4 semaines ce qui parait court pour évaluer un processus cancérigène. Conclusion : En raison de ces limites, les auteurs concluent à l’insuffisance de preuves permettant de confirmer un lien mécanistique entre l’ingestion de viande rouge dans le cadre d’un régime alimentaire sain et l’augmentation du risque de cancer colorectal. Dans les études expérimentales menées jusqu’à présent, c’est la réponse aux caractéristiques globales des régimes alimentaires qui guide les associations entre la consommation de viande rouge et de charcuterie et l’augmentation du risque de cancer colorectal. Les études futures devront utiliser des modèles expérimentaux qui saisissent la complexité des régimes alimentaires si l’on souhaite décrypter la relation potentielle entre la consommation de viande et le cancer du côlon ainsi que les mécanismes impliqués. Source : Turner ND, Lloyd SK. Association between red meat consumption and colon cancer: A systematic review of experimental results.Exp Biol Med (Maywood). 2017 Jan 1.
Article 5/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"
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