Consommer moins de viande ne diminuerait que faiblement les risques cardiométaboliques et de cancer
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L’étude des habitudes alimentaires peut donner un aperçu des effets potentiels de la viande rouge et de la viande transformée sur la santé. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’effet des habitudes alimentaires, comme les quantités de viande rouge ou de viande transformée, sur la mortalité toutes causes confondues, les résultats cardiométaboliques et l’incidence et la mortalité du cancer. Conclusion : consommer moins de viande ne diminuerait que faiblement les risques.
Les données sont tirées d’une recherche systématique dans MEDLINE, EMBASE, le Registre central des essais contrôlés Cochrane, CINAHL, Web of Science, et ProQuest Dissertations & Theses Global du début à avril 2019 sans restriction d’année ou de langue. Des équipes de deux examinateurs ont examiné de façon indépendante les résultats de la recherche et ont inclus des études de cohortes prospectives auprès de 1 000 participants ou plus ayant fait état de l’association entre les habitudes alimentaires et la santé. Ces examinateurs ont extrait des données de façon indépendante, évalué le risque de biais et la certitude des données probantes à l’aide des critères GRADE (classement des recommandations – évaluation, élaboration et évaluation).
Que concluent les études de cohorte ?
Les études admissibles qui ont suivi des patients pendant 2 à 34 ans ont révélé des preuves de faibles à très faibles certitudes que des habitudes alimentaires avec de faibles consommations de viandes rouge et transformée entraînent des diminutions très faibles ou potentiellement faibles de la mortalité toutes causes confondues (RR=0,87), de la mortalité cardiovasculaire (RR=0,86), des maladies coronariennes non fatales (RR=0,86), de l’infarctus du myocarde (RR=1,04), du diabète de type 2 (RR=0,76) et des pathologies cardiovasculaires (RR=0,85).
En ce qui concerne la mortalité et l’incidence de certains types de cancer, toutes causes confondues, l’échantillon total comprenait plus de 400 000 patients ; pour les autres résultats, les échantillons totaux comprenaient de 4 000 à plus de 300 000 patients. Les risques relatifs de cancers ou de mortalité par cancer avec la réduction de la consommation de viande variaient de 0,89 à 1,18 selon les cas, sauf pour certains paramètres (incidence du cancer de l’estomac, de la vessie et extrahépatique, mortalité par cancer du pancréas) pour lesquels les réductions de risque étaient plus importantes (< 0,60) mais les preuves beaucoup plus faibles. Les auteurs notent cependant que les études d’observation sont sujettes à une confusion résiduelle et fournissent des preuves de faible ou très faible certitude selon les critères du GRADE.
En conclusion, l’adhésion à des habitudes alimentaires contenant de plus faibles quantités de viande rouge ou transformée peut entraîner une diminution du risque de mortalité toutes causes confondues, de maladie et de mortalité cardiométabolique, et de morbidité et mortalité par cancer. Néanmoins, l’ampleur de ces effets pour tous les résultats ainsi que la certitude des preuves sont faibles à très faibles. Les auteurs soulignent donc que leurs résultats soulèvent des questions quant à la plausibilité du lien de causalité entre les consommation de viandes rouge et transformée et des effets néfastes sur la santé.
Référence : Vernooij RWM, Zeraatkar D, Han MA, El Dib R, Zworth M, Milio K, Sit D, Lee Y, Gomaa H, Valli C, Swierz MJ, Chang Y, Hanna SE, Brauer PM, Sievenpiper J, de Souza R, Alonso-Coello P, Bala MM, Guyatt GH, Johnston BC. Patterns of Red and Processed Meat Consumption and Risk for Cardiometabolic and Cancer Outcomes: A Systematic Review and Meta-analysis of Cohort Studies. Ann Intern Med. 2019 Oct 1. doi: 10.7326/M19-1583.
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