Économie, environnement, social : quels sont les impacts des circuits courts et de proximité sur les territoires ?
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Épiceries mobiles, vente à la ferme et plus globalement projets alimentaires territoriaux… Les initiatives de circuits courts et/ou de proximité se développent de plus en plus. Un modèle à adopter dans tous les territoires ? Entretien avec Yuna Chiffoleau, directrice de recherche en sociologie au département Action, Transitions et Territoires d’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).
Est-ce utopique d’imaginer que dans quelques années, la France sera entièrement maillée de circuits courts ?
Il ne serait pas raisonnable de penser que l’on peut s’alimenter exclusivement en local. Dans certaines régions, comme la Drôme, on peut pratiquement manger de tout. Mais les territoires ne sont pas tous égaux en matière de ressources locales. La seule solution serait de développer le high-tech, ce qui induirait de grandes dépenses d’énergie mais aussi une déconnexion avec la nature. Il ne faut pas être extrême vis-à-vis du tout global ou du tout local. Actuellement, dans nos assiettes, ce sont des origines lointaines qui dominent. Il faut rééquilibrer, relocaliser ce qu’on peut, mais sans forcer la nature.
Quelles solutions favoriseraient la résilience de l’agriculture française ?
On l’a vu pendant la crise du Covid-19 : la résilience suppose de la diversité. Il faut du circuit court et du circuit long, du local et du non local. Ce rééquilibrage, il faut le maîtriser, mieux connaître l’origine des produits qu’on consomme, à la fois relocaliser et établir des partenariats inter-territoires, en France comme à l’international, pour transformer les dépendances subies en partenariats choisis.
Dans quelle mesure les circuits courts et de proximité façonnent-ils les territoires ?
Ce qui est intéressant, c’est que les circuits courts et de proximité permettent la transition agroécologique et alimentaire : ils favorisent le dialogue entre producteurs et consommateurs, la transparence de l’information. Même s’il faut éviter l’amalgame entre circuits courts et agriculture biologique, les circuits courts et de proximité entraînent souvent des pratiques plus vertueuses parce qu’ils permettent de mieux valoriser les bonnes pratiques, économiquement comme socialement, et d’apprendre ce qu’il y a derrière un produit. Reconnaissance, valorisation économique et pédagogie : c’est cette série de mécanismes qui tire l’agriculture et l’alimentation vers le haut, et cela impacte de fait les circuits longs. L’exemple de la ville de Grabels (Hérault) avec son marché de plein vent montre bien que les producteurs, comme les consommateurs, ont modifié leurs pratiques, y compris dans les circuits longs, depuis qu’ils vendent ou achètent au marché. C’est un marché co-géré par la collectivité, les exposants et les consommateurs, ce qui augmente son impact.
Source Minagri
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