Entre nutrition et cancérogénèse : bénéfices-risques du fer héminique (Article de synthèse)
Le fer héminique est l’un des composés de la viande rouge soupçonné d’être impliqué dans la relation observée entre consommation élevée de viande rouge et légère augmentation du risque de cancer colorectal. Le fer étant par ailleurs largement reconnu pour ses bénéfices nutritionnels, il est important de mieux comprendre les mécanismes l’impliquant dans la cancérogénèse, afin de mieux évaluer le rapport bénéfices/risques de la consommation de viande rouge et mieux cibler les types de consommation « à risque ».
Une déficience en fer peut avoir des conséquences négatives importantes comme l’anémie, la porphyrie ou encore l’accroissement du risque de maladie d’Alzheimer. Pour l’éviter, il convient de fournir à l’organisme une quantité de fer suffisante et assimilable afin qu’il maintienne ses réserves. Sachant que le fer héminique, forme majoritaire du fer dans les viandes et poissons, est au moins deux fois mieux absorbé que le fer non-héminique contenu dans les autres aliments, on comprend que l’apport en fer héminique constitue un facteur essentiel pour prévenir une carence martiale (voir synthèse Apports en micronutriments, quelles conséquences des régimes sans viande ?). Pour autant, ce composé de la viande rouge est aussi soupçonné d’être l’un des facteurs impliqués dans l’augmentation du risque de cancer colorectal, qui présente une incidence croissante chez les plus jeunes.
Plusieurs voies impliquées
Pour mieux comprendre le rôle potentiel du fer héminique dans la cancérogénèse, plusieurs équipes de recherches explorent les mécanismes en jeu. Une revue de la littérature publiée en décembre 2019 par des chercheurs allemands suggère que le fer héminique affecte plusieurs voies impliquées dans la pathogenèse du cancer colorectal (lire article « Fer héminique et risque de cancer colorectal » ).
Des résultats que confirment une nouvelle revue de la littérature1 publiée en janvier 2020, dans laquelle des chercheurs italiens se sont intéressés à l’hème (molécule dans laquelle est incorporée le fer héminique et qui donne sa couleur rouge au sang). Ils rappellent ainsi que cette molécule présente « une importance vitale pour les cellules en raison de son implication dans plusieurs processus biologiques, notamment le transport de l’oxygène, la production d’énergie et le métabolisme des médicaments », mais possède également « des propriétés toxiques ». Dans cette revue, les chercheurs se sont intéressés aux mécanismes par lesquels l’hème participe à la cancérogénèse et rapportent la participation de cette dernière à de multiples processus qui soutiennent la croissance tumorale et la métastatisation. « La nature multidimensionnelle de l’hème en fait une molécule idéale à exploiter par les cellules tumorales pour moduler leur métabolisme énergétique, interagir avec leur micro-environnement ou encore soutenir leur prolifération et leur survie », concluent les auteurs.
Rappelons toutefois qu’il existe d’autres facteurs supposés, tels que les composés néoformés produits lors des cuissons drastiques, suspectés d’intervenir dans le lien entre consommation élevée de viande rouge et cancer colorectal.
Référence : Fiorito V, Chiabrando D, Petrillo S, Bertino F, Tolosano E. The Multifaceted Role of Heme in Cancer. Frontiers in Oncology. 2020 Jan 15; 9:1540. doi: 10.3389/fonc.2019.01540.
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