Alimentation et accidents vasculaires cérébraux : des relations à examiner plus finement
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MATERIELS ET METHODES :
Les auteurs ont analysé des données sur 418 329 hommes et femmes de neuf pays européens, avec une moyenne de 12,7 ans de suivi.
L’alimentation a été évaluée à l’aide de questionnaires validés spécifiques à chaque pays, qui demandaient des informations sur la consommation habituelle au cours de l’année écoulée, calibrées à l’aide de rappels sur 24 heures. Des régressions de Cox ajustées à plusieurs variables ont été utilisées pour estimer les rapports de risque (HR) pourles accidents ischémiques et hémorragiques associés à la consommation de viande rouge et transformée, de volaille, de poisson, de produits laitiers, d’œufs, de céréales, de fruits et légumes, de légumineuses, de noix et graines et de fibres alimentaires.
RESULTATS :
En moyenne, par rapport à l’ensemble de la cohorte, les hommes victimes d’un AVC avaient 7 ans de plus et les femmes victimes d’un AVC avaient 10 ans de plus au moment du recrutement. Les participants ayant subi une attaque avaient également un IMC légèrement plus élevé et une consommation moyenne d’alcool plus élevée parmi les buveurs, mais dans l’ensemble étaient moins susceptibles d’être des buveurs réguliers. Ils étaient également plus susceptibles de fumer, moins susceptibles d’avoir fait des études supérieures, étaient généralement moins actifs, plus susceptibles d’être au chômage, plus susceptibles d’avoir des antécédents de diabète ou d’hypertension, et étaient dans une proportion plus élevée originaires d’Europe du Nord.
Enfin, les participants victimes d’un AVC consommaient moins de fromage, de céréales et de produits céréaliers, de fruits et légumes, de légumineuses, de noix et de graines, mais plus de viande rouge et transformée et de lait. Des différences régionales étaient notées : plus de fruits et de légumes dans les pays d’Europe du Sud (Grèce, Italie,
Espagne), plus de viande au Danemark et plus de yaourt en Suède.
Pour les accidents ischémiques cérébraux (4281 cas), des risques plus faibles ont été observés avec une consommation plus élevée de fruits et légumes (HR ; 95% CI pour 200 g/jour de consommation plus élevée, 0,87 ; 0,82-0,93, P < 0,001), de fibres alimentaires (pour 10g/jour, 0,77 ; 0,69-0,86, P < 0,001), de lait (pour 200 g/jour, 0,95 ; 0,91-0,99, P = 0.02), de yaourt (pour 100 g/jour, 0,91 ; 0,85-0,97, P = 0,004)et de fromage (pour 30 g/jour, 0,88 ; 0,81-0,97, P = 0,008), tandis qu’un risque légèrement plus élevé (+14%) a été observé avec une consommation de viande rouge (pour 50g /jour; 1.14, 1.02–1.27, P=0.02) qui très atténué (+ 7% et non significatif statistiquement)statistiquement significatifs (pour 50 g/jour, 1,07 ; 0,96-1,20, P = 0,20). Ceci suggère que cette association positive avec la viande rouge pourrait être en partie liée à la moindre consommation d’aliments protecteurs. Pour les accidents vasculaires cérébraux hémorragiques (1430 cas), un risque plus élevé a été associé à une consommation plus importante d’œufs (pour 20 g/jour, 1,25 ; 1,09-1,43 P = 0,002).
CONCLUSION :
Le risque d’accident vasculaire cérébral ischémique était inversement associé à la consommation de fruits et légumes, de fibres alimentaires et d’aliments laitiers, tandis que le risque d’accident vasculaire cérébral hémorragique était positivement associé à la consommation d’œufs.
Les différences apparentes dans les associations soulignent l’importance d’examiner séparément les sous-types d’accidents ischémiques et hémorragiques.
Source : European Heart Journal
Different foods linked to different types of stroke
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