Perceptions de la place de l’animal et de l’élevage en France : quels enjeux pour la recherche agronomique ? (Article de synthèse)
Alors que des préoccupations émergent quant à la place de l’animal et à l’élevage dans notre société, Alexis Fostier, directeur de Recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), identifie de nouveaux enjeux pour la recherche agronomique.
Fruit du groupe de travail « Perception des techniques d’élevage et des biotechnologies »(1), l’article (2) d’Alexis Fostier, directeur de Recherche à l’INRA, aborde l’évolution de la place de l’animal dans la société et met en avant les éléments susceptibles d’influencer notre perception de l’élevage. En particulier, des questions philosophiques sur l’animalité et les différences entre l’Homme et l’Animal reviennent sur le devant de la scène dans la société, tout comme les notions de bien-être et de souffrance animale et de perception de la mort.
La recherche agronomique face à de nouveaux objectifs et de nouvelles méthodes
Face à ces critiques contemporaines sur l’élevage, de nouveaux enjeux apparaissent pour la recherche agronomique.
- En termes d’objectifs tout d’abord, avec la demande faite aux chercheurs, d’être « acteurs du processus d’innovation», ce qui nécessite « une interdisciplinarité entre sciences techniques et sciences sociales ». L’auteur identifie cinq moteurs d’innovation : l’évolution de la demande alimentaire ; la maîtrise des nuisances environnementales ; le travail des agriculteurs ; l’évolution de la place de l’agriculture dans les territoires, et le respect du bien-être des animaux.
- En termes de méthodes à développer ensuite, avec des enjeux d’acquisition de nouvelles connaissances, en s’aidant d’outils de recherche tels que la protéomique, la métabolomique, l’imagerie ou le traitement des métadonnées.
Que ce soit pour diminuer les effets négatifs des élevages ou pour amplifier leurs effets positifs, « il est nécessaire de disposer de méthodes d’évaluation robustes de ces effets et d’en identifier les mécanismes », insiste l’auteur. Ainsi, des approches multicritères et pluridisciplinaires peuvent être utilisées, avec des objectifs globaux d’amélioration des indicateurs de durabilité, ou des objectifs plus ciblés, tels que l’évaluation du bien-être animal.
L’auteur prône aussi « une démarche participative » pour la collecte et la validation des données récoltées, afin d’identifier des idées nouvelles, de favoriser des partenariats et de cultiver tous les écosystèmes d’innovation.
De nouvelles technologies à la base de systèmes de production innovants
Le développement des nouvelles technologies contribue, selon Alexis Fostier, à « intégrer de nouveaux caractères favorables à la réduction des aspects négatifs des élevages ». C’est le cas par exemple de l’évaluation génomique, qui permet d’estimer plus efficacement la valeur génétique individuelle des animaux d’élevage ou de réaliser une sélection ciblée en fonction des résistances aux maladies ou de l’adaptation comportementale aux conditions d’élevage.
Cette sélection de nouveaux caractères nécessitera d’approfondir des questions liées aux fonctions biologiques des animaux. « Plus largement, mieux connaître leur univers mental et leur représentation d’un monde où l’Homme est très présent peut aider à améliorer leur bien-être et leurs interactions avec l’éleveur », souligne l’auteur.
Il conclut sur la nécessité de l’interdisciplinarité dans les recherches, avec la réflexion de Herpin et Charley (2008) : « Les recherches en productions animales de demain devront tout à la fois produire des données génériques pour la connaissance du vivant et proposer des systèmes de production innovants et compétitifs, en rupture avec l’existant ».
Source : INRA Productions animales.
(1) Groupe de travail mis en place par le département « Physiologie animale et Systèmes d’élevage » de l’INRA.
(2) Référence : INRA Productions animales, 2019, numéro 2 https://doi.org/10.20870/productions-animales.2019.32.2.2465.
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