Evolution des consommations alimentaires des Français (Article de synthèse)
L’alimentation des Français est-elle meilleure qu’il y a dix ans ? Réponse dans le rapport publié ce mois-ci par Santé publique France présentant les résultats du volet nutrition de l’étude Esteban 2014-2016.
Un rapport présentant les consommations alimentaires des Français et leurs évolutions sur une période de dix ans vient de paraître.
Suite de l’ENNS de 2006-2007
Ces résultats sont issus de l’Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (Esteban 2014-2016). Le volet nutrition de cette étude fait suite à l’Étude nationale nutrition santé (ENNS) réalisée en 2006-2007. Rappelons que l’objectif de cette dernière était de fournir des données fiables d’évolution de la situation nutritionnelle en France et ainsi d’évaluer l’efficacité des mesures du Programme national nutrition santé (PNNS). Rappelons également que ce programme, mis en place en 2001 par le ministère de la santé et visant à améliorer la santé de la population en agissant sur la nutrition, est reconduit tous les 5 ans. L’heure d’une réévaluation était donc venue.
Evaluer l’alimentation des Français
L’étude Esteban a été menée sur un échantillon représentatif de 1 279 enfants de 6 à 17 ans et 2 834 adultes de 18 à 74 ans résidant en France métropolitaine. Afin de tenir compte de la saisonnalité de l’alimentation et des expositions éventuelles, l’étude a été conduite sur une période s’écoulant d’avril 2014 à mars 2016. Quant aux informations recueillies (voir Encadré), elles avaient pour but d’évaluer l’alimentation des participants au regard des repères et des indicateurs d’objectifs du PNNS.
Pas de réelle évolution
Dans l’ensemble, les résultats montrent que les consommations alimentaires en France entre 2006 et 2015, chez les enfants comme chez les adultes, n’ont pas fondamentalement changé. Certains aliments et nutriments restent des enjeux de santé publique : la part des acides gras saturés demeure trop élevée dans la ration alimentaire et les consommations de fibres et poisson / produits de la pêche trop faibles. En cause, concernant les fibres : des consommations toujours insuffisantes de produits céréaliers complets et légumes secs (60 % des adultes et 71 % des enfants n’en avaient pas consommés sur les trois jours d’enquête alimentaire) et de fruits et légumes (seuls 42 % des adultes et 23 % des enfants en consomment au moins 5 par jour). La surconsommation de sel s’est quant à elle amplifiée en dix ans : la proportion d’individus respectant les objectifs fixés par le PNNS est passée de 43 % à 38 % chez les hommes (moins de 8 g de sel par jour), de 59 % à 42 % chez les femmes et de 62 % à 50 % chez les enfants (moins de 6,5 g de sel par jour pour ces deux populations). Enfin, la consommation de boissons sucrées chez les enfants reste élevée, plus d’un tiers d’entre eux en consommant au-delà de la recommandation d’un demi verre par jour.
Par ailleurs, si les personnes les plus diplômées continuent à rendre compte d’une alimentation plus conforme aux recommandations, les inégalités sociales semblent s’être estompées en dix ans. Malheureusement, ce rapprochement doit plus à une dégradation de l’alimentation des uns qu’à une amélioration de celle des autres.
Viandes, volailles, produits de la pêche et œufs
Pas de gros changements non plus du côté des consommations des aliments du groupe « viandes, volailles, produits de la pêche et œufs » , tant chez les hommes que chez les femmes et quelle que soit la classe d’âge, enfants compris. Plus de la moitié des adultes (53 %) et quasiment la moitié des enfants (46 %) en consomment 1 à 2 portions par jour (repère du PNNS). Les grands consommateurs (> 2 portions par jour) sont davantage de sexe masculin : 29 % des hommes versus 12 % des femmes et 37 % des garçons versus 22 % des filles. A l’inverse, les personnes du sexe féminin sont plus fréquemment en-dessous du repère (< 1 portion par jour) : 34 % des femmes versus 20 % des hommes et 31 % des filles versus 17 % des garçons.
A noter que la proportion de grands consommateurs a diminué en dix ans (de 32 % à 23 %), chez les hommes les plus diplômés, alors que cette proportion est restée stable (environ 34 %) chez ceux déclarant un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat. Aucune différence de ce type n’a en revanche était observée chez les femmes ou chez les enfants selon le niveau de diplôme de l’adulte de référence du ménage.
En conclusion
Comme en 2006, les auteurs de ce rapport concluent « à une appropriation insuffisante des recommandations alimentaires chez les adultes et les enfants vivant en France métropolitaine en 2015 ». Et de pointer : « Dans une perspective de santé publique, cette situation montre la nécessité de renforcer les moyens d’intervention pour promouvoir une alimentation saine auprès du plus grande nombre. »
Éléments méthodologiques
Source : Santé publique France
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