Exploitations de polyculture-élevage bovin viande : plus grandes mais pas plus profitables que les exploitations d’élevage herbagères | Cahiers Agricultures Mendeley
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La polyculture-élevage est souvent citée comme étant un idéal agronomique source d’économies pour l’agriculteur et à moindre impact environnemental négatif. La complémentarité entre les ateliers élevage et culture devrait permettre l’utilisation partagée de facteurs de production, et donc une réduction de l’utilisation d’intrants. Au-delà du concept, cette étude a pour objectif d’observer si, dans un bassin de production, les fermes produisant de la viande bovine et de grandes cultures affichent des performances productives et économiques différentes des fermes herbagères spécialisées bovins viande. À partir des données d’un échantillon d’exploitations de bovins allaitants charolais du centre de la France, nous observons que les exploitations dites de polyculture-élevage sont systématiquement plus grandes que les exploitations herbagères spécialisées. La grande taille des exploitations entraîne une forte augmentation des besoins en équipement et des charges induites. Ces charges ne se partagent pas entre productions animales et végétales. Au final, nous n’observons pas de différence de coût de production du kilogramme de viande produit ou de revenu par travailleur, entre exploitations herbagères spécialisées et exploitations de polyculture-élevage. Le concept vertueux de la polyculture-élevage se heurte à des réalités structurelles et socio-économiques. Afin de pourvoir bénéficier d’avantages économiques potentiels liés à la diversification, il faudrait réfléchir à de nouvelles formes de structure d’exploitations d’élevage françaises. La diversification des ateliers de production dans les exploitations familiales nécessite en effet de nouvelles connaissances et compétences de la part de l’exploitant, ainsi qu’une très bonne organisation dans le travail. Face à cette charge mentale et physique du travail, les éleveurs tendent à simplifier leurs pratiques, à se sur-mécaniser, d’où une baisse d’efficience des systèmes. Les structures familiales, modèle défendu et maintenu en France, deviennent certainement trop grandes pour qu’une même personne (ou un petit collectif de personnes) détienne le capital, prenne les décisions stratégiques et opérationnelles, et réalise le travail. Si, dans le cadre de la transition agro-écologique, la PCE est un modèle de développement à promouvoir, il faut alors se poser la question de l’échelle et des structures dans lesquelles cette PCE peut être un modèle durable avec une réelle connexion des ateliers d’élevage et de culture.
Source : EDP Open
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