Impact des Régimes Alimentaires dits « Environnementaux » sur les Apports en Micronutriments Essentiels (TRADUCTION)

Cette revue systématique de la littérature indique que les modifications des apports alimentaires à visée dite « environnementale » réduisent les apports et le statut en micronutriments présentant un intérêt pour la santé publique, notamment les vitamines A, D et B12, ainsi que le calcium, l’iode et le zinc (les résultats sur le fer ne tiennent pas compte de sa biodisponibilité). Les auteurs concluent donc qu’une prise en compte du contexte et des besoins nutritionnels sera nécessaire pour élaborer des recommandations fondées sur des données probantes.

La protection de la santé de la planète passe par une évolution mondiale vers une consommation de régimes alimentaires issus de sources durables. Comme cette transition alimentaire se traduira par une plus grande dépendance à l’égard des sources de protéines d’origine végétale, l’impact sur les apports en micronutriments et le statut de ces derniers est inconnu. C’est pourquoi cette étude a cherché à évaluer les effets des modifications des apports alimentaires à visée environnementale sur les apports et l’état de certains micronutriments présentant un intérêt pour la santé publique (vitamines A, D, B9 et B12 ; calcium, fer, iode et zinc).

Les auteurs ont effectué une recherche systématique dans sept bases de données entre janvier 2011 et octobre 2022, en suivant les directives PRISMA. Les études éligibles devaient faire état de données individuelles sur l’apport et/ou le statut en micronutriments, ainsi que de résultats environnementaux.

Sur les 10 965 études identifiées, 56 ont été retenues, la plupart provenant de pays à revenu élevé (n = 49). Le fer (n=56) et l’iode (n=20) étaient les micronutriments respectivement les plus et les moins rapportés. Parmi les études, il y avait un essai contrôlé randomisé (ECR) fournissant des données sur les biomarqueurs, 10 études sur l’apport alimentaire et 45 études de modélisation de l’alimentation dont 29 études d’optimisation de l’alimentation. La plupart des études visaient à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) ou la consommation d’aliments d’origine animale.

La plupart des résultats suggèrent que, dans le cadre d’une transition alimentaire visant à réduire les impacts environnementaux, les apports en zinc, calcium, iode et vitamines B12, A et D diminueraient, tandis que les apports en fer total (sans prise en compte de sa biodisponibilité) et en folates (B9) augmenteraient. Le risque d’apports insuffisants en zinc, calcium, vitamines A, B12 et D était plus susceptible d’augmenter dans les 10 études faisant état d’une adéquation des nutriments. Les études d’optimisation du régime alimentaire (n = 29) démontrent qu’il est techniquement possible d’atteindre les objectifs nutritionnels et environnementaux, mais attention toutefois à l’acceptabilité de tels régimes qui n’est pas garantie.

Les auteurs concluent que la réduction des apports et du statut en micronutriments préoccupants pour la santé publique est un résultat potentiel des changements alimentaires visant à réduire les effets sur l’environnement. Ils ajoutent qu’une prise en compte adéquate du contexte et des besoins nutritionnels sera nécessaire à l’élaboration de recommandations fondées sur des données probantes.

Référence : Leonard UM, Leydon CL, Arranz E, Kiely ME. Impact of consuming an environmentally protective diet on micronutrients: a systematic literature review. Am J Clin Nutr. 2024 Apr; 119(4):927-948 (PDF en libre accès)

Source : American Journal of Clinical Nutrition

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