La consommation de viande, reflet complexe de nos personnalités ?
Au travers d’une étude sur la personnalité des consommateurs, une équipe de recherche allemande vient de mettre en évidence la nécessité de préciser les différents types de viande consommée dans les études nutritionnelles.
Des recherches récentes ont montré que la consommation de viande des individus pouvait être reliée à leurs traits de personnalité. Afin de clarifier ces relations, une équipe de chercheurs du département de psychologie de l’Université de Mainz en Allemagne a mené deux études en s’appuyant sur des échantillons représentatifs à grande échelle de deux pays différents : The German Socio-Economic-Panel (GSOEP) en Allemagne (N = 13 062) et The Household, Income and Labour Dynamics in Australia Survey (HILDA) en Australie (N = 15 036).
Dis-moi quelle viande tu manges, je te dirai qui tu es
L’étude des traits de personnalité, évalués selon les Big Five (voir encadré), faisait apparaître des associations spécifiques avec différents types de viande consommée et les mêmes associations se retrouvaient au sein des deux populations étudiées. Par exemple, dans les deux études, l’ouverture (trait de personnalité associé à l’appréciation de l’art, de l’émotion, de l’aventure, des idées peu communes, à la curiosité et à l’imagination) était inversement associée à la consommation de viande rouge et positivement à celle de poisson, alors qu’elle n’était pas liée à la consommation globale de viande ou à celle de volaille. En revanche, les personnes extraverties déclaraient consommer davantage de viande en général, avec une consommation accrue pour chaque type de viande.
De l’importance de différencier les types de viande
Les auteurs de cette étude ont tenté d’expliquer les importantes différences de profil mises en évidence entre les consommateurs de viande rouge (bœuf, porc) et de viande blanche (volaille, poisson[1]). Selon eux, le fait de manger de la viande, relevant d’une norme relativement ancrée dans les pays étudiés, pourrait expliquer que les personnes ouvertes à de nouvelles expériences soient davantage tentées de réduire leur consommation de viande. A contrario, le fait que les personnes extraverties sortent davantage, y compris pour manger, pourrait justifier leur consommation accrue de viande.
Et de résumer : « En mettant l’accent sur le lien entre la personnalité et les habitudes alimentaires, nos résultats démontrent qu’une évaluation détaillée et spécifique est nécessaire pour détecter des associations différentielles entre les traits de personnalité et la consommation des différents types de viande. » Selon les auteurs, la consommation de viande ne peut donc pas s’évaluer au travers d’une seule question globale : les différents types de viande doivent être précisés afin de faire ressortir les différences individuelles.
Référence : Pfeiler TM, Egloff B. Personality and meat consumption : The importance of differenciating between type of meat. Appetite 2018. Doi: 10.1016/j.appet.2018.07.007.
[1] Dans cette étude, le poisson faisait partie des aliments incluent dans la catégorie viande blanche.
Que sont les Big Five ?
À voir aussi
-
Transversal6 novembre 2024
Valeurs nutritionnelles des viandes rouges
Le document Valeurs nutritionnelles des viandes rouges synthétise les valeurs nutritionnelles disponibles de tous les morceaux de viande et abats de bœuf, veau, agneau ou viande chevaline ayant été étudiés depuis 2006. Les données de viandes crues proviennent d’études en laboratoire financées par Interbev. Les données de viandes cuites ont été obtenues par calcul à… -
Santé, pathologies et prévention29 octobre 2024
Une revue de littérature prône une juste consommation d’aliments d’origine animale pour la santé humaine (Article de synthèse)
Le Pr Alice Stanton, du Royal College of Surgeons en Ireland, publie une revue de la littérature scientifique dans laquelle elle alerte une nouvelle fois sur les risques de carences en micronutriments et en protéines associés à une alimentation trop végétalisée. « Les recommandations alimentaires devraient conseiller de modérer les consommations excessives d’aliments d’origine animale, plutôt… -
Composition et apports nutritionnels29 octobre 2024
Le végétalisme associé à un déficit d’apport en protéines chez les personnes âgées
Dans cette étude, les chercheurs ont simulé la manière dont une transition vers un régime plus végétal à différents degrés (flexitarien, pescétarien, végétarien ou végétalien) pouvait affecter la disponibilité des protéines alimentaires chez les personnes âgées. Leurs résultats indiquent que, si le remplacement des sources de protéines animales par des sources végétales réduit à la…