La santé animale : un levier clé de réduction des GES en élevage, à intégrer dans les comptabilités nationales (Article de synthèse)
D’après le document d’orientation de la FAO « The role of animal health in national climate Commitments », publié récemment, une part importante d’émissions de gaz à effet de serre (GES) en élevage – jusqu’à 60 % – pourrait être évitée par des programmes d’amélioration de la santé animale. Ce levier permettrait d’agir à la fois sur le changement climatique mais aussi, grâce à une meilleure productivité, sur l’amélioration de la sécurité alimentaire des pays et leur économie. La santé animale devrait donc être une action clé des programmes de réduction des GES en élevage. Encore faut-il que ces actions en faveur de la santé animale soient comptabilisées dans les données d’inventaires nationaux, ce qui est peu le cas aujourd’hui.
Une intensité carbone liée aux performances de production
L’intensité carbone dans un élevage correspond aux émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’atelier rapportées au kilogramme de lait ou de viande. Une grande part des émissions est « fixe » : un bovin émet du méthane même s’il produit peu, ces émissions étant intrinsèquement liées à sa capacité à valoriser les fourrages non consommables par l’homme. Si la production de l’animal est réduite pour des raisons sanitaires (maladies et problèmes alimentaires associés, parasites intestinaux…), ces émissions par kilogramme de lait ou de viande augmenteront mathématiquement. C’est la notion d’émissions improductives : l’animal émet des GES mais ne produit pas autant qu’il le pourrait. Ainsi, toute intervention visant à réduire la mortalité, à augmenter la prolificité, la croissance ou encore la capacité digestive des animaux a un impact positif direct sur la performance technique et climatique de l’exploitation. La FAO a établi une liste des interventions les plus efficaces par zone géographique. Parmi elles, la vaccination et la lutte contre les parasites intestinaux arrivent en première place. D’autres leviers sont cités. Par exemple pour la production porcine en Asie, des marges de manœuvre existent sur la qualité de l’alimentation animale et sa digestibilité. En Amérique du Sud pour les bovins, elles sont principalement sur l’amélioration des pâturages. En Europe et Amérique du Nord, la supplémentation en lipides dans l’alimentation des ruminants est mise en avant.
Un système de reporting à affiner
Dans son rapport, la FAO constate que l’impact des interventions en santé animale n’est généralement pas inclus dans les inventaires nationaux d’émissions ni dans les programmes nationaux de réduction des GES. Or, chaque pays engagé dans l’Accord de Paris est tenu de mesurer, rapporter et vérifier (système MRV) ses contributions à la lutte contre le changement climatique et prouver ainsi le respect de ses engagements. Pour encourager les programmes d’amélioration de la santé animale, il est donc nécessaire de développer un système de collecte des données et une méthodologie beaucoup plus fine. Il s’agit de collecter des données sur la mortalité, la fertilité, l’âge de la première mise-bas et le taux de remplacement, ainsi que des données sur la production, notamment les rendements laitiers et le poids des animaux à différents stades de leur développement, à l’instar de la méthode CAP2ER citée dans ce rapport. Les données sur les aliments destinés à différentes catégories d’animaux et sur les systèmes de gestion des effluents sont également cruciales, car ces aliments et ces systèmes influent fortement sur les facteurs d’émission. Enfin, l’amélioration de l’efficacité de la production a des effets sur toute la chaîne de production et nécessite donc de raisonner à l’échelle du cycle de vie (en incluant par exemple les changements dans la consommation d’aliments, l’utilisation des pâturages, l’utilisation de l’énergie). Cette approche fine doit ensuite remonter dans les inventaires nationaux.
Source : FAO
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