Les changements alimentaires nécessaires pour améliorer la durabilité de l’alimentation : sont-ils similaires dans toute l’Europe ?
Les changements alimentaires capables de parvenir à une adéquation nutritionnelle et de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l’alimentation sont-ils similaires dans toute l’Europe lorsque les spécificités culturelles et de genre sont prises en compte ? Une étude parue dans l’European Journal of Clinical Nutrition a cherché à répondre à cette question.
Méthodologie
A partir des régimes moyens observés dans cinq pays européens (France, Royaume-Uni, Italie, Finlande et Suède) et pour chaque sexe, des régimes nutritionnellement adéquats s’écartant le moins possible de chaque régime observé ont été conçus par programmation linéaire en appliquant une réduction de 10 % des émissions de gaz à effets de serre (GES). Les autres modèles réduisaient directement les émissions de GES.
Résultats
Les émissions de GES étaient les plus élevées en France (5793 g eqCO2/j chez l’homme) et les plus basses au Royaume Uni (4636 g eqCO2/j). Pour la plupart des pays et quel que soit le sexe, atteindre l’adéquation nutritionnelle impliquait des substitutions entre groupes alimentaires (remplacement des composants du groupe sucre / graisse / alcool par des produits des groupes fruits et légumes et féculents), mais une augmentation des GES et de la quantité consommée. Les femmes nécessitaient le plus de changements alimentaires pour atteindre les recommandations nutritionnelles, sauf en France et en Finlande (même changements en quantités consommées que pour les hommes). Une fois que l’adéquation nutritionnelle était atteinte, pour diminuer les GES, le processus d’optimisation a induit de grands écarts par rapport aux régimes observés avec la modification d’au moins 99 % des quantités d’aliments.
Conclusion
Fixer des objectifs nutritionnels sans tenir compte de l’environnement peut augmenter les émissions de GES. Toutefois, la durabilité de l’alimentation peut être améliorée en substituant des fruits, des légumes et des féculents aux aliments du groupe alimentaire sucre / graisses / alcool, ainsi que des changements spécifiques à chaque pays dans la consommation de produits d’origine animale. Les enquêtes standardisées et la modélisation des régimes individuels sont des outils prometteurs pour explorer plus avant les moyens de parvenir à des régimes durables en Europe.
Référence : Vieux F, Perignon M, Gazan R, Darmon N. Dietary changes needed to improve diet sustainability: are they similar across Europe? Eur J Clin Nutr. 2018 Jul;72(7):951-960. doi: 10.1038/s41430-017-0080-z.
Article 7/22 du dossier "Régimes alimentaires sains et durables"
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