Les grandes tendances agricoles et alimentaires mondiales : perspectives pour l’Europe (Article de synthèse)

D’ici 2050, les systèmes de productions alimentaires devront résoudre une équation difficile : conserver des rendements permettant de nourrir près de 10 milliards d’individus, tout en préservant l’environnement et en assurant la sécurité économique des agriculteurs.

Un rapport, commandé par le Parlement européen et publié en septembre 2019, analyse les grandes tendances (démographiques, économiques, environnementales…) susceptibles d’influencer nos systèmes agro-alimentaires d’ici 2050.

 Nourrir toujours plus de monde…en préservant l’environnement

Selon ce rapport, la démographie constitue le premier facteur susceptible d’influencer les systèmes de productions alimentaires, avec une population mondiale qui devrait atteindre 10 milliards d’habitants en 2050. Pour les experts, cette évolution démographique s’accompagnera d’une croissance économique à l’origine d’une élévation globale du niveau de vie et d’un changement d’habitudes alimentaires. Dans les pays en développement, l’augmentation des revenus individuels va en effet de pair avec une consommation accrue de produits d’origine animale.

Au vu de ces deux tendances, la FAO estime que la production alimentaire devra augmenter de 50 % pour subvenir aux besoins de la population mondiale d’ici 2050.

Les préoccupations environnementales pourraient peser également sur l’avenir d’un secteur déjà montré du doigt. D’après ce rapport, la production alimentaire génère actuellement 21 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et utilise 70 % des ressources en eau douce. Dans ce contexte, comment encourager l’augmentation de la production alimentaire sans aggraver son empreinte environnementale ?

 Quel scénario d’avenir ?

Les auteurs évaluent différents scénarios d’avenir pour les systèmes agroalimentaires européens : perpétuation du système actuel, productivité de masse à tout prix, repli protectionniste généralisé… Seul le scénario baptisé « alimentation et durabilité pour tous » garantirait la sécurité alimentaire pour l’ensemble de la population, tout en préservant l’environnement.

Ce scénario repose sur une transition vers une agriculture biologique et de précision, faisant appel aux nouvelles technologies afin d’améliorer les rendements, tout en préservant les ressources naturelles : utilisation généralisée de drones permettant de cibler les irrigations et limiter les traitements phytosanitaires, et de robots d’analyse des sols afin de raisonner les apports d‘engrais… Réduire la consommation de viande (en proportions variables selon les zones géographiques) et lutter contre le gaspillage à tous les niveaux du système constitueraient deux autres leviers d’action importants.

Dans cette perspective d’alimentation et de durabilité pour tous, la production de viande progresserait de 30 % d’ici 2050, avec une augmentation du cheptel mondial (+ 40 % pour les volailles, + 34 % pour les bovins et + 10 % pour les porcs) marquée par de très fortes disparités géographiques : hausse du cheptel toutes espèces en Afrique subsaharienne par exemple, et diminution du cheptel dans les pays riches (- 20 % pour les bovins, – 12 % pour les volailles et – 3 % pour les porcs).

Au niveau européen la mise en œuvre de ce scénario impliquerait un fort engagement des politiques publiques, qui passerait notamment par des mesures de soutien à une production européenne durable, des aides couplées à des objectifs de santé et de sécurité alimentaire, une intégration des préoccupations environnementales dans les traités de libre-échange, et par un soutien aux initiatives permettant de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et de préserver la biodiversité. Une revalorisation des prix des produits alimentaires permettrait de tenir compte de leur coût environnemental.

Source : Parlement européen

À voir aussi