Pas de diminution significative du risque de cancer colorectal pour les petits consommateurs de viande ou les végétariens
Contexte : Peu d’études de cohorte prospectives ont étudié spécifiquement l’incidence du végétarisme sur le risque de cancer colorectal et pour certaines, ont obtenu des résultats mitigés. Objectif : Étudier l’influence du végétarisme ou d’une alimentation pauvre en viande sur le risque de cancer colorectal comparé à une alimentation riche en viandes, en s’intéressant plus spécialement à la localisation du cancer, la durée de l’adhésion au régime, le détail de la pratique du végétarisme et le style de vie. Méthodologie : La cohorte hollandaise Netherlands Cohort Study – Meat Investigation Cohort (NLCS-MIC) de 10 210 sujets a été exploitée. Elle inclut 1040 végétariens ayant rempli un questionnaire alimentaire en 1986 à partir duquel les individus ont été classés en végétariens (n=635), pesco-végétariens (n=360), consommateurs hebdomadaire de viande 1 fois/semaine (n=1259), consommateurs occasionnels de viande 2 à 5 fois/semaine (n=2703) et consommateurs quotidiens de viande 6 à 7 fois par jour (n=5253). Les données étaient ajustées selon de multiples facteurs confondants. Résultats : Après 20,3 années de suivi, 437 cas de cancers colorectaux ont été rapportés (307 colon, 92 rectum). Une diminution du risque de cancer colorectal non significative était notée chez les végétariens HR=0.73 ; 0.47-1.13), pesco-végétariens (HR=0.80 ; 0.47-1.39) et chez ceux consommant de la viande 1 fois par semaine (HR=0.72 ; 0.52-1.00) comparés à ceux en consommant 6 à 7 fois par semaine. La plupart des différences observées entre ces petits ou non consommateurs de viande et les consommateurs réguliers de viande pouvaient être expliquées par leurs apports en fibre et en produits de soja. Les autres caractéristiques non alimentaires de ces sujets consommant peu ou pas de viande avaient peu d’effets mais atténuaient les risques lorsqu’ils étaient combinés. Aucune différence n’était observée selon la durée de l’adhésion au régime « végétarien » (> ou <10 ans). Les risques de cancer du côlon proximal ou distal n’étaient pas différents selon les groupes de consommation de viande ou le statut de végétarien. Les estimations pour le cancer du côlon distal étaient comparables à celles du cancer rectal. Aucune association claire ou significative n’était observée lorsque l’on examinait les types de viandes consommées et le risque global de cancer colorectal ou de cancer du côlon. Aucune association n’était notée entre les consommations de viandes fraiches ou de viandes rouges fraiches et le risque de cancer colorectal quel que soit sa localisation. En revanche, concernant les viandes transformées, une augmentation significative du risque de cancer rectal et du colon distal était observée pour chaque portion supplémentaire de 25g/jour (Cancer rectal : HR=1.36 ; 1.01-1.81). Conclusion : les végétariens, pesco-végétariens et consommateurs hebdomadaires de viande ne présentent pas une diminution significative du risque diminué de cancer colorectal comparativement à ceux qui en consommaient quotidiennement, principalement en raison de leurs habitudes alimentaires autres que celle liée à la viande.
Article 32/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"
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