Quels rôles pour l’élevage dans nos écosystèmes ? Regards croisés de scientifiques (Article de synthèse)

Dans le cadre d’un numéro spécial, la revue Frontiers in Sustainable Food Systems a sélectionné neuf publications illustrant les liens complexes entre les systèmes d’élevage et les écosystèmes environnants. L’occasion de s’arrêter sur des recherches qui mettent en lumière les systèmes d’élevage vertueux sur les plans nutritionnels, environnementaux et sociétaux, plus nuancés que ceux médiatisés. 

Les revues du groupe Frontiers publient régulièrement des numéros thématiques rassemblant des contributions de chercheurs du monde entier (publications originales, revues) sur une question scientifique d’actualité. Le dernier numéro en date, paru en juin 2021 dans la revue Frontiers in Sustainable Food Systems  et intitulé « Livestock Production and the Functioning of Agricultural Ecosystems», accueille les réflexions et travaux d’experts travaillant de près ou de loin sur les productions animales et leurs liens avec les écosystèmes. Le numéro débute par un éditorial dressant le constat suivant : la relation que nous, humains, entretenons avec les animaux d’élevage est paradoxale, puisque cette source précieuse d’alimentation fait aussi naître de nombreuses problématiques environnementales et sociétales, qu’il est urgent de résoudre.

Tendre vers des systèmes intégrés et diversifiés

Pour répondre à ce défi, les recherches actuelles ne manquent pas d’inspiration : une première série d’articles de ce numéro spécial s’intéresse ainsi aux bienfaits des systèmes agricoles intégrés (c’est-à-dire intégrant productions animales, cultures de champs et arboriculture) et diversifiés (multi-espèces) en termes de productivité, d’utilisation limitée des ressources et de résilience, mais aussi en termes d’impact environnemental et de bien-être social.

Méthodes régénératrices : de quoi parle-t-on ?

Second champ de recherche mis à l’honneur : les méthodes d’élevage dites régénératrices, c’est-à-dire permettant la restauration ou le maintien de la qualité des sols et des services écosystémiques. Ces techniques reposent notamment sur la mise en place d’un système de pâturage adaptatif multi-paddock, une forme de pâturage rotatif dans lequel de petites parcelles (paddocks) sont pâturées sur de courtes périodes par un bétail présent en densité élevée entrecoupées de longues périodes de récupération, avant d’être à nouveau mises à disposition du bétail. Les recherches à ce sujet suggèrent un impact environnemental réduit par rapport aux techniques conventionnelles, en termes d’émissions de gaz à effet de serre et de prélèvements hydriques sur le milieu.

Vertus nutritionnelles et sociales

Enfin, un troisième lot d’articles laisse entrevoir tout un pan de recherches, peu médiatisé, démontrant les vertus des productions animales pour le bien-être humain. Vertus nutritionnelles des régimes omnivores d’abord, du fait des synergies d’actions entre aliments d’origine animale et végétale. Mais aussi vertus sociales, comme à travers l’exemple de la pacification des relations entre deux populations grâce à la complémentarité de leurs systèmes d’élevage (systèmes pastoral bédouin nomade et système mixte sédentaire dans le Delta du Nil).

Conclusion de ce tour d’horizon scientifique ? Si de nombreuses questions restent à résoudre autour de l’élevage, les recherches actuelles montrent qu’en se basant sur certaines pratiques, qu’il joue un rôle favorable non seulement dans l’approvisionnement alimentaire, mais aussi pour la santé, le bien-être social et les écosystèmes.

Référence : Kleppel GS, Provenza FD and Villalba JJ (2021) Editorial: Livestock Production and the Functioning of Agricultural Ecosystems. Front. Sustain. Food Syst. 5:690016. doi: 10.3389/fsufs.2021.690016

Source : Frontiers in Sustainable Food Systems.

 

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