Rapport à la viande et évolution des abattoirs : une approche anthropologique
La revue Anthropology of food publie un numéro spécial intitulé « Viande et architecture », qui s’intéresse aux « transformations du rapport à la viande par les lieux et l’espace », en particulier sous l’angle de l’abattage. Il est constitué d’articles abordant la question sous différents angles, historique, géographique, sociologique et artistique.
Pendant plusieurs siècles, les bouchers étaient au cœur du marché de la viande : ils tuaient, découpaient puis vendaient les pièces de boucherie. Ils formaient une corporation reconnue au Moyen Âge. La création d’abattoirs mit fin progressivement à ce monopole. Depuis la fin du XIXe siècle, les abattoirs ont beaucoup évolué, les petits bâtiments urbains ont fait place à de grandes structures externalisées, l’abattoir de Bruxelles étant ainsi l’un des derniers en centre-ville en Europe.
Un retour à l’abattage de proximité
Un changement d’échelle s’est aussi produit en matière économique : le travail de la viande est devenu une « industrie de série et de flux », avec succession d’actes répétitifs (taylorisme) accomplis par un personnel peu qualifié et peu payé. Sur le plan architectural, l’abattoir moderne comporte une succession de figures géométriques, permettant l’application du principe sanitaire de « la marche en avant » (prévoyant en particulier une séparation nette entre secteur propre et secteur souillé). Cependant, après une période de centralisation, le retour à l’abattage de proximité, associé à un meilleur accompagnement des animaux, est défendu par certains. En Wallonie, des éleveurs du groupe Nature et progrès ont ainsi opté pour des modes d’abattage alternatifs.
L’aspect artistique des activités en lien avec le travail de la viande est largement traité dans ce numéro, prenant en compte différents registres : architectural (anciens abattoirs urbains transformés en lieux culturels, comme à Toulouse), cinématographique (souvent associées à des actions mortifères et violentes dans des films d’horreur), pictural et photographique aussi. Enfin, sont également traités les abattages halal (article consacré à l’organisme certificateur AVS) et en Inde, objets de divergences politiques et culturelles.
Sources : Centre d’études et de prospective, Anthropology of food.
À voir aussi
-
Transversal17 décembre 2024
Quatre MOOC pour se former à la sécurité alimentaire dans les assiettes et dans les territoires
Les risques alimentaires, bien que maîtrisés dans les pays développés, restent une réalité. Pour approfondir ces enjeux, la plateforme France Université Numérique (FUN) propose quatre MOOC. Les deux premiers, développés par l’université de Liège, explorent les risques chimiques (pesticides, métaux lourds, additifs) et biologiques (parasites, bactéries, toxines microbiennes) dans la chaîne alimentaire. Le troisième, élaboré… -
Transversal17 décembre 2024
Où sont allés les ruminants en 2021-2022 ?
Bœuf, veau, agneau. Combien en mange-t-on en France ? Quelle part est commercialisée en supermarché ? En boucherie ? En restauration hors domicile ? Une série d’études répond à ces questions, et bien d’autres, sur les débouchés finaux des viandes de ruminants en France en 2021-2022. Pour en savoir plus : - Résultats de l’étude… -
Transversal17 décembre 2024
Résultats d’enquêtes sur les perspectives d’évolution de la viande bovine Bio issue de jeunes mâles allaitants
Produire de la viande biologique qui valorise les territoires avec le troupeau bovin allaitant, tel est l’objectif poursuivi dans le cadre du projet Proverbial, piloté par l’Institut de l’élevage (Idele). Ce dernier vient de rendre disponible sur son site un document regroupant l'intégralité de l'étude intitulée "Perspectives d’évolution d’une filière de production de viande BIO…