Réduire les émissions de gaz à effet de serre sans altérer l’équilibre nutritionnel, l’accessibilité ni l’acceptabilité de l’alimentation
Un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre au-delà de 30 % affecte la qualité nutritionnelle de l’alimentation. Objectif : Évaluer la compatibilité entre une réduction des émissions des gaz à effet de serre produites par l’alimentation et l’équilibre nutritionnel, l’acceptabilité et l’accessibilité financière d’une alimentation durable. Méthodologie : Les apports alimentaires, la composition nutritionnelle, les émissions de gaz à effet de serre et les prix de 402 aliments parmi les plus consommés par les 1899 participants de l’étude INCA 2 (2006-2007, France), ont été combinés. Une programmation linéaire a été utilisée pour modéliser les régimes avec des réductions progressives d’émissions de gaz à effet de serre partant de l’alimentation observée au départ et avec trois scénarios de contraintes nutritionnelles : (1) sans contrainte nutritionnelle, (2) avec contrainte sur les macronutriments et (3) avec contraintes sur toutes les recommandations nutritionnelles (36 paramètres). La qualité nutritionnelle était évaluée à l’aide d’un ratio moyen d’adéquation aux recommandations et de la densité énergétique. Résultats : Les émissions de gaz à effet de serre de l’alimentation moyenne observée est de 3667 g eqCO2/jour pour les femmes et de 4896 eqCO2/jour pour les hommes. Les scénarios sans contrainte (1) et avec contrainte sur les macronutriments (2) sur lesquels une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30 % est imposée n’affectent pas le ratio d’adéquation aux recommandations, ni la densité énergétique, ni les groupes alimentaires du régime des participants mais nécessite des substitutions au sein de ces groupes d’aliments. Imposer l’ensemble des recommandations nutritionnelles augmente la quantité de fruits et légumes, réduit la densité énergétique et augmente légèrement le coût de l’alimentation sans modification additionnelle d’une réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre. Des réductions plus importantes des émissions de gaz à effet de serre (30 à 60 %) induisent une réduction des quantités de viandes/poisson/œufs consommés, réduisent le coût de l’alimentation mais aussi sa qualité nutritionnelle, même dans le scénario (2) de la contrainte sur les macronutriments. Une réduction de plus de 40 % des émissions nécessite une suppression des viandes de bœuf, agneau, mouton et une réduction progressive de celles de porc, volaille et œufs et une augmentation des consommations de céréales et pomme de terre. Une réduction encore plus importante de ces émissions (>60%) diminue le coût de l’alimentation mais nécessite des modifications encore plus importantes de l’alimentation avec une augmentation supplémentaire de la consommation des fibres, pomme de terre et céréales et une diminution de celle des fruits et légumes et des produits laitiers. Au-delà d’une réduction de 70 % des émissions, les recommandations alimentaires ne peuvent être suivies. Conclusion : Une réduction modérée des émissions de gaz à effet de serre de moins de 30% est compatible avec l’adéquation nutritionnelle et l’accessibilité financière sans imposer davantage de changement entre les groupes d’aliments que ceux guidés par les recommandations alimentaires. Des réductions supérieures à 30% affectent la qualité nutritionnelle même lorsque les recommandations sur les macronutriments sont imposées et nécessite des choix alimentaires qui compromettent l’acceptabilité d’une alimentation équilibrée. Source : How low can dietary greenhouse gas emissions be reduced without impairing nutritional adequacy, affordability and acceptability of the diet? A modelling study to guide sustainable food choices. Perignon M, Masset G, Ferrari G, Barré T, Vieux F, Maillot M, Amiot MJ, Darmon N. Public Health Nutr. 2016 Apr 6:1-13.
Article 11/22 du dossier "Régimes alimentaires sains et durables"
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