Régimes végétariens : une étude les associe à moins de cardiopathie mais davantage d’AVC (Article de synthèse)
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Selon cette étude d’observation épidémiologique, d’un côté, les végétariens présentent des taux de cardiopathie ischémique inférieurs de 22 % aux consommateurs de viande, de l’autre, ils affichent des taux d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) totaux plus élevés de 20 %. De quoi pondérer les effets bénéfiques des régimes végétarien et végétalien devenus très populaires ces dernières années, alors que leurs avantages et risques potentiels ne sont pas entièrement cernés.
Les résultats de cette étude publiée dans le BMJ posent un sacré dilemme : les associations entre le végétarisme et les risques de cardiopathie ischémique et d’accident vasculaire cérébral (AVC) semblent montrer qu’il n’y a pas de régime miracle.
Une cohorte de près de 50 000 personnes
Au total, 48 188 participants sans antécédents de cardiopathie ischémique, d’AVC ou d’angine de poitrine (ou de maladie cardiovasculaire) de l’étude EPIC-Oxford (recrutés entre 1993 et 2001) ont été classés en trois groupes distincts : les omnivores consommateurs de viande (viande, poisson, produits laitiers ou œufs ; n = 24 428), les pesco-végétariens consommateurs de poisson mais pas de viande (n = 7 506) et les végétariens, dont végétaliens (n = 16 254), selon les renseignements alimentaires recueillis au début de l’étude puis vers 2010 (n = 28 364). Au cours des 18,1 années de suivi, 2 820 cas de cardiopathie ischémique et 1 072 cas d’AVC (dont 519 AVC ischémiques et 300 AVC hémorragiques) ont été enregistrés.
13 à 22 % de cardiopathie ischémique en moins
Après ajustement des facteurs sociodémographique et du mode de vie, les pesco-végétariens et les végétariens présentent des taux de cardiopathie ischémique respectivement inférieurs de 13 % et de 22 % aux consommateurs de viande. Soit l’équivalent, en moyenne, de 10 cas de moins de maladies cardiaques ischémiques chez les végétariens que chez les omnivores pour 1 000 habitants sur 10 ans. Ces corrélations étaient partiellement atténuées après ajustement sur l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, le diabète et l’indice de masse corporelle (IMC), suggérant qu’une partie de la corrélation pourrait être liée à ces facteurs. Quant aux mécanismes expliquant ce risque réduit, les auteurs avancent quelques pistes, comme celle d’une moindre concentration en cholestérol LDL dans les régimes sans viande.
Mais 20 % d’AVC en plus
Il existe cependant un revers à la médaille, et pas des moindres : les végétariens affichent des taux d’AVC totaux 20 % plus élevés que les consommateurs de viande, ce qui équivaut à trois cas supplémentaires en moyenne pour 1 000 habitants sur 10 ans, principalement en raison d’un taux supérieur d’AVC hémorragique. En outre, ces corrélations relatives d’AVC ne se sont pas atténuées après un ajustement supplémentaire sur les facteurs de risque. Quant aux pistes d’explication, elles demeurent encore incertaines mais pourraient également mettre en jeu le LDL-cholestérol. De précédentes études suggèrent en effet une augmentation de 21 % du risque d’AVC hémorragique pour chaque mmol L de LDL-Cholestérol en moins.
D’où la conclusion des chercheurs : « Des recherches additionnelles sont nécessaires pour reproduire ces résultats dans d’autres populations et identifier les médiateurs susceptibles de contribuer aux associations observées. »
Référence : Tong TYN, Appleby PN, Bradbury KE, Perez-Cornago A, Travis RC, Clarke R, Key TJ. Risks of ischaemic heart disease and stroke in meat eaters, fish eaters, and vegetarians over 18 years of follow-up: results from the prospective EPIC-Oxford study. BMJ. 2019 Sep 4; 366:l4897. doi: 10.1136/bmj.l4897.
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