Révision des repères alimentaires du PNNS pour les adultes : avis du HCSP

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a été saisi par la Direction générale de la santé afin d’actualiser les repères du futur Programme national nutrition santé 2017-2021. Sur la base du rapport de l’Anses paru en janvier 2017, comme base scientifique pour la réactualisation de ces repères, le Haut Conseil de la Santé Publique vient de publier son avis sur les nouveaux repères alimentaires pour les adultes. Les repères ne sont pas homogènes selon les catégories d’aliments : ils peuvent proposer une fréquence de consommation ou une recommandation en termes d’évolution de consommations. Certains sont complétés par des informations sur la taille des portions, des exemples d’aliments composant le groupe ou d’aliments à privilégier dans ce groupe, des limites de consommation ou encore des conseils tenant compte des risques liés aux contaminants chimiques. Pour les fruits et légumes, les produits céréaliers complets ou peu raffinés et les légumineuses, il recommande notamment de privilégier les modes de production diminuant l’exposition aux pesticides (selon un principe de précaution). Outre les repères spécifiques définis, le HCSP insiste sur des conseils généraux tels que privilégier l’utilisation de produits bruts, éviter les portions excessives et le grignotage, ne suivre un régime amaigrissant qu’avec l’avis d’un professionnel de santé. 12 repères sont proposés au lieu des 8 repères mis en avant par le PNNS depuis 2001 :
- Les périmètres de certains des groupes d’aliments ont ainsi été redéfinis. Par exemple, le groupe « Viande, poisson, œufs » n’existe plus en tant que tel. Une recommandation spécifique porte sur les poissons et fruits de mer, une sur les viandes et volailles et une autre sur la charcuterie. Aucune ne porte sur les œufs.
- Poisson et fruits de mer : « 2 fois par semaine. Dont un poisson gras. Varier les espèces et les lieux d’approvisionnement (en particulier pour les grands consommateurs), afin de limiter l’exposition aux contaminants ».
- Viande et volaille : « Limiter la consommation de viande rouge (Bœuf, porc, veau, mouton, chèvre, cheval, sanglier, biche) et privilégier la consommation de volaille. Pour les amateurs de viande rouge, limiter la consommation à 500 g/semaine maximum »*.
- Charcuterie : « Limiter la consommation (privilégier le jambon blanc au sein de ce groupe). Pour les amateurs de charcuterie, ne pas dépasser 150 g/semaine ».
- Deux repères ont été ajoutés pour des catégories spécifiques d’aliments
- pour les légumineuses (Légumes secs : lentilles, pois chiches, haricots…) : « Au moins deux fois par semaine. Privilégiant des légumineuses cultivées selon les modes de production diminuant l’exposition aux pesticides « .
- pour les fruits à coque sans sel ajouté : « Une petite poignée par jour. Ce groupe d’aliment comporte de nombreux allergènes, dont la consommation pour les personnes présentant des allergies identifiées n’est pas recommandée ».
- Le repère pour les produits laitiers est passé de 3 à 2 par jour. Mais il est stipulé que ce nombre pourra passer à trois par jour lorsque les tailles de portions sont plus faibles que celles recommandées (150 ml de lait, 125 g de yaourt, 30 g de fromage).
- Les autres repères n’ont pas changé en termes de fréquences ou de recommandations de consommation : fruits et légumes (au moins 5 par jour), produits céréaliers complets ou peu raffinés (tous les jours), produits sucrés (en limiter la consommation), Matières grasses ajoutées (éviter les consommations excessives), boissons (l’eau est la seule boisson recommandée (à volonté). Seules des précisions y ont été ajoutées sur la nature des aliments à privilégier ou à limiter.
- Par ailleurs il est précisé que pour les aliments ou groupes d’aliments qui ne font pas l’objet d’une recommandation spécifique (pommes de terre, œufs ou produits céréaliers raffinés), ils peuvent être consommés dans la mesure où cette consommation n’entrave pas l’atteinte des autres repères de consommation.
* Remarques au sujet des viandes : Ces 500 g renvoient à de la viande telle que consommée, donc à de la viande cuite, ce qui représente 700 à 750 g de viande crue. Selon les données Inca 2 présentées par L’Anses, les quantités moyennes consommées de viandes hors volaille sont de 64 g/j chez les hommes et 41 g/j chez les femmes. Cela représente 52,5 g/j en moyenne, soient 370 g/ semaine ce qui est nettement inférieur à la limite des 500 g/semaine. Seuls 25 % des adultes Français consomment plus de 500 g par semaine de viande « rouge » selon INCA 2 ou 28 % selon l’enquête CCAF 2013 du Crédoc. Le repère de limitation ne concerne donc pas l’ensemble des français mais uniquement les trop grands consommateurs de viande rouge (entre 1/3 et 1/4 de la population selon les sources). Source : HCSP
À voir aussi
-
Nutrition17 février 2025
Un bilan 2024 des objectifs EGalim en demi-teinte
La plateforme "ma cantine" publie le rapport "Bilan statistique EGalim 2024" issu de la télédéclaration des données d'achats 2023 des restaurants collectifs. Ce document évalue les avancées et les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des objectifs de durabilité et de qualité fixés par la loi EGalim et la loi Climat et résilience. Malgré… -
Comportement alimentaire13 février 2025
Qualité de l’alimentation : le Nutri-Score serait plus efficace et moins coûteux que les taxes et subventions
L’affichage nutritionnel (Nutri-Score) et les politiques de prix sont souvent envisagés pour inciter à une alimentation plus saine. Une étude INRAE montre que le Nutri-Score se révèle être un outil plus efficace et beaucoup moins coûteux pour les finances publiques que les politiques de prix, tandis que la combinaison de ces deux leviers n’améliore pas… -
Santé, pathologies et prévention13 février 2025
Aliments d’origine animale : concilier demande mondiale, enjeux environnementaux et rôle socio-économique du bétail (TRADUCTION)
Cet article de perspective rédigé par une chercheuse américaine fait le point sur la demande croissante en aliments d’origine animale terrestre (AOAT). Au-delà du débat qui se concentre souvent autour de quelques mesures environnementales, elle pointe la nécessité de considérer les endroits où le bétail remplit un ensemble de fonctions clés des systèmes alimentaires mondiaux,…