Révision des repères alimentaires pour les personnes âgées par le HCSP (Article de synthèse) 

Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) vient d’actualiser les repères alimentaires du Programme national nutrition santé (PNNS) pour les personnes âgées. Datée du 18 mai 2021, cette révision a été rendue publique le 24 août 2021. A retenir : volaille, poisson, œufs ou viande sont à consommer au moins une fois par jour !

Fin 2019, l’Anses avait publié une série d’avis relatifs à l’actualisation des repères alimentaires du Programme national nutrition santé (PNNS), dont un concernant les femmes dès la ménopause et les hommes de plus de 65 ans (Anses, 2019). S’appuyant sur ce dernier document, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a publié fin août 2021 un nouvel avis relatif à la révision des repères alimentaires pour les personnes âgées. Ces nouveaux repères alimentaires serviront de support pour l’élaboration des messages sanitaires et de la communication destinée au grand public élaborés par Santé publique France. Ce travail a été entrepris à la demande de la Direction générale de la santé et conduit par un groupe d’experts du HCSP spécialisés en nutrition et en santé publique.

Des repères qui concernent les plus de 75 ans

Le groupe de travail a souhaité que cet avis cible les personnes âgées de plus de 75 ans. Ce seuil d’âge permet en effet de mettre l’accent sur les risques nutritionnels majeurs associés au vieillissement et sur les risques de perte d’autonomie associés. Les repères nutritionnels formulés par le HCSP ont donc pour objectif de prévenir ces risques, tout en soulignant l’importance de maintenir le plaisir de manger pour guider les choix, améliorer l’appétit et assurer une stabilité pondérale. Pour les personnes de moins de 75 ans, dont les femmes à partir de la ménopause, les enjeux nutritionnels sont similaires à ceux de la population générale adulte et les repères nutritionnels pour les adultes sont valables.

Cibler les enjeux nutritionnels liés au vieillissement

L’avis rappelle que, comme pour le reste de la population, « l’ensemble de l’alimentation doit être suffisante en qualité et en quantité, en respectant des repas réguliers » ; et que « l’activité physique régulière, la réalisation d’exercices adaptés deux fois par semaine et la limitation de la sédentarité sont aussi des éléments essentiels à la santé ». Les experts insistent toutefois sur les deux principaux enjeux nutritionnels chez les personnes âgées : la malnutrition protéino-énergétique, plus simplement appelée dénutrition, et la sarcopénie qui correspond au déclin de la masse et de la force musculaire.

La dénutrition, un fléau associé à de faibles apports protéino-énergétiques

La dénutrition est un état résultant d’apports alimentaires insuffisants pour répondre aux besoins en protéines et en énergie, et conduisant à une modification de la composition corporelle caractérisée par une diminution de la masse maigre. Plusieurs méta-analyses ont estimé la prévalence de la dénutrition chez les sujets de plus de 65 ans. Si les chiffres sont variables, ils se rejoignent sur le fait qu’il s’agit bel et bien d’un enjeu de santé publique, avec de 3 à 14,6 % des personnes âgées vivant à domicile concernées, autour de 28 % pour les personnes âgées hospitalisées et une majoration de ces chiffres chez les patients ayant eu une fracture du col du fémur (45 %) ou présentant une maladie chronique (jusqu’à 70 % en cas d’insuffisance cardiaque). Or, la dénutrition majore le risque de complications post-opératoires et de décès. Bien qu’ils ne soient pas les seuls déterminants de la dénutrition, de faibles apports protéino-énergétiques contribuent à son installation chez le sujet âgé. C’est pourquoi leur évaluation compte parmi les nouveaux critères requis pour le diagnostic de la dénutrition proposés par le Global Leadership Initiative on Malnutrition (GLIM).

Miser sur l’apport en protéines pour lutter contre la sarcopénie

Parallèlement à la dénutrition, la sarcopénie est à l’origine d’une altération des performances physiques, d’une perte de mobilité, d’évènements indésirables (chutes, fractures, hospitalisations…) et d’institutionnalisations. Composante majeure de la fragilité, associée à la perte d’autonomie et à une augmentation de la mortalité, la sarcopénie est aussi fréquente que la dénutrition : sa prévalence tournerait autour de 5 à 14 % chez les personnes de plus de 70 ans vivant à domicile. La perte de masse musculaire liée à l’âge est favorisée par une alimentation inadaptée, en particulier en ce qui concerne l’apport en protéines. L’apport optimal en protéines chez le sujet âgé est estimé entre 1,2 et 1,5 g/kg/j en l’absence d’insuffisance rénale avérée.

((Encadré))

Volaille, poisson, œufs ou viande à consommer au moins une fois par jour

Du fait de l’importance des apports protéiques pour lutter à la fois contre la dénutrition et la sarcopénie, le groupe alimentaire « Viande – Poisson – Œuf » (VPO) ne doit pas être négligé : « A consommer au moins une fois par jour en choisissant parmi volaille, poisson, œufs ou viande », stipule l’avis, afin d’assurer un apport diversifié et suffisant pour le maintien de la masse musculaire, tout en gardant le plaisir comme moteur principal du choix. Et de préciser que, « en matière de communication, une représentation graphique ou chiffrée des quantités de protéines disponibles en fonction des sources (volaille, viande, poisson, légumineuses, produits laitiers, etc.) pour une portion moyenne permettrait de mieux se représenter les apports relatifs des différents sous-groupes d’aliments ».

Source : HCSP.

 

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