Stratégie européenne « De la ferme à la table » : quelles actions en faveur du bien-être animal ? (Article d’analyse)
À l’occasion de la 7e réunion de la plateforme de l’Union européenne sur le bien-être animal le 15 juin dernier, la Commission a précisé les actions qu’elle envisage pour atteindre l’une des ambitions affichées dans sa récente stratégie « De la ferme à la table » : l’amélioration du bien-être animal.
Le 20 mai 2020, la Commission européenne dévoilait sa stratégie « De la ferme à la table », ou ‘Farm to Fork’ (F2F), visant à faire évoluer l’alimentation européenne vers un système alimentaire équitable, sain et respectueux de l’environnement (voir article « De la ferme à la table : la nouvelle stratégie de la Commission européenne »). Parmi les ambitions affichées : l’amélioration du bien-être animal. La 7e réunion de la plateforme de l’Union européenne sur le bien-être animal (voir encadré), qui s’est tenue le 15 juin dernier, a ainsi été l’occasion de présenter et de préciser les modalités de mise en œuvre des principaux objectifs de la stratégie F2F en matière de bien-être animal. Stella Kyriakides, commissaire européenne à la Santé et sécurité sanitaire, et Andrea Gavinelli, de la direction générale de la Santé de la Commission, se sont notamment relayés pour expliciter les actions envisagées dans ce cadre en faveur du bien-être animal.
La plateforme de l’Union européenne sur le bien-être animal en quelques mots
Le bien-être animal, pierre angulaire des systèmes alimentaires durables
En préambule de leurs interventions, ils n’ont pas manqué de souligner en quoi le bien-être animal s’inscrit dans l’objectif de durabilité des systèmes alimentaires. Pour Stella Kyriakides, si notre système alimentaire actuel a permis de fournir de la nourriture en abondance, il est aussi responsable de consommations excessives et des maladies de surcharge qui leur sont liées, de gaspillage, de souffrances animales et de dommages environnementaux. C’est pourquoi il est nécessaire de repenser notre modèle de production alimentaire pour le rendre sain, abordable, respectueux de l’environnement et assurant un niveau de rémunération adéquat aux agriculteurs. Et le bien-être animal constitue l’un des paramètres fondamentaux de cette équation. Selon Andrea Gavinelli, le bien-être animal est en effet à même d’améliorer la santé des animaux, de réduire l’usage de médicaments, d’augmenter la qualité de l’alimentation et peut même participer à la préservation de la biodiversité.
Une révision de la réglementation européenne
Les deux intervenants ont ensuite présenté les deux piliers sur lesquels la Commission entend s’appuyer pour améliorer le bien-être animal dans les systèmes de production européens.
Le premier d’entre eux consiste en la révision de la réglementation européenne. Comme le souligne Stella Kyriakides, une telle révision est hautement nécessaire : la dernière révision remonte à 10 ans et certains des textes en vigueur datent de plus de 20 ans. Les objectifs affichés sont clairs : se mettre en phase avec les données scientifiques les plus récentes, élargir le périmètre d’action de la réglementation et la rendre plus simple à appliquer.
Ce processus d’ampleur devrait prendre quelques années et s’achever en 2023. Les jalons sont d’ores et déjà posés. La première étape, le « Fitness check » ou Bilan de qualité, consistera à évaluer les points forts et les faiblesses de la législation actuelle, puis à vérifier dans quelle mesure les textes législatifs restent adaptés aux objectifs recherchés en matière de bien-être animal. Avec la publication de la feuille de route le 20 mai dernier, cette étape est déjà engagée. Elle devrait s’achever au plus tard début 2022.
En parallèle, plusieurs avis scientifiques ont été demandés à l’Agence européenne de sécurité sanitaire (Efsa) afin de faire le point sur les données scientifiques les plus récentes sur la question du bien-être animal. Un premier avis concernant le transport des animaux est attendu pour juin 2022 ; plusieurs avis spécifiques aux différentes filières devraient suivre jusqu’en mars 2023.
Ces différents travaux préliminaires permettront d’appuyer la formulation de nouvelles propositions législatives qui seront présentées et discutées par la Commission en 2023.
Un groupe de travail pour réfléchir à un système d’étiquetage
Second pilier de la stratégie F2F en matière de bien-être animal : un examen des possibilités d’étiquetage rendant compte du bien-être animal au cours de la production de denrées animales. Pour Andrea Gavinelli, ce type d’étiquetage permettra d’accompagner les consommateurs vers des choix alimentaires plus durables.
La création d’un groupe de travail dédié à ce projet et rattaché à la Plateforme est ainsi annoncée. Son rôle sera d’appuyer la Commission pour la collecte des données scientifiques et des avis des différentes parties prenantes. Ce groupe de travail devra notamment organiser d’ici début 2021 une étude recensant et analysant les options possibles en matière d’étiquetage, en s’inspirant notamment des actions locales mises en place dans différentes régions d’Europe, à l’initiative d’entreprises ou d’institutions. Le système retenu parmi ces options pourrait être décidé à l’horizon 2022. À noter : le mandat du groupe de travail tel que défini par la Commission précise que leurs réflexions porteront sur les produits animaux tels que les œufs, le lait, la viande fraîche, et les poissons ; les aliments transformés ne sont pas concernés.
Renforcer l’application de la réglementation
Enfin, pour compléter ces deux volets d’actions en matière de bien-être animal, la Commission entend renforcer la bonne application de la réglementation actuelle, notamment en matière de transport animal (et tout particulièrement des animaux vivants). Un acte délégué est ainsi en cours de préparation afin d’harmoniser et de renforcer les inspections. La création d’un troisième Centre de référence dédié au bien-être des ruminants et des équidés est également prévue, afin de renforcer l’appui technique et scientifique à la Commissions dans ce domaine.
Évaluation de la stratégie européenne en matière de bien-être animal : où en est-on ?
Source : Commission européenne – EU Platform on Animal Welfare – 7th meeting of the EU Platform to take place on Monday 15 June
À voir aussi
-
Bien-être animal17 décembre 2024
Les vocalisations des bovins : un biomarqueur du bien-être animal à l’abattoir ? (TRADUCTION)
Une étude présentée lors de la 11e Conférence sur l’élevage de précision a montré que l'incidence et le type de vocalisations des bovins dans les bouveries étaient corrélés à d'autres indicateurs comportementaux associés à la bientraitance animale. Des résultats qui présentent l'analyse acoustique comme un outil prometteur de surveillance de la bientraitance animale en temps… -
Bien-être animal17 décembre 2024
L’approche One Welfare à l’épreuve des données en Norvège (TRADUCTION)
Le bien-être des éleveurs et de leur bétail sont étroitement liés. Une analyse de données provenant de plus de 700 exploitations agricoles norvégiennes, l’étude HUNT, confirme l'existence de cette relation. Les résultats suggèrent ainsi que les changements au sein de l'exploitation dans le bien-être relatif du bétail peuvent être un indicateur utile de la santé… -
Bien-être animal17 décembre 2024
L’élevage de précision au service du bien-être des petits ruminants (TRADUCTION)
Comment garantir le bien-être des moutons dans des systèmes de production complexes et difficiles à surveiller ? Il existe des solutions innovantes utilisant des outils numériques pour évaluer le bien-être animal. Cette thèse a ainsi évalué l'efficacité d’accéléromètres et de balises Bluetooth pour détecter des indicateurs comportementaux liés à la boiterie, au parasitisme et à…