Un appel au ‘changement transformateur’ pour enrayer la dégradation de nos écosystèmes (Article de synthèse)

Un rapport d’évaluation de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) pointe « un déclin de la nature et des espèces à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine ». L’IPBES lance donc un appel à un ‘changement transformateur’ à l’échelle mondiale pour sauvegarder notre Planète.
Élaboré par 145 experts issus de 50 pays au cours des trois dernières années, le rapport présenté lors de la 7e session plénière de l’IPBES, du 29 avril au 4 mai, examine les impacts du développement économique sur la nature et leurs changements au cours des cinq dernières années, et propose un éventail de scénarios pour les décennies à venir.
Un million d’espèces menacées d’extinction
Les auteurs du rapport estiment qu’environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction au cours des prochaines décennies, un phénomène, selon eux, inédit dans l’histoire de l’humanité. Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué de 20 % en moyenne. Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. Sur Terre, au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu depuis le 16e siècle. En 2016, 560 races domestiquées de mammifères utilisées pour l’alimentation et l’agriculture avaient disparu, et mille races domestiques de plus sont encore aujourd’hui menacées d’extinction dans les 20 prochaines années, dresse le rapport.
« Cette perte est la conséquence directe de l’activité humaine et constitue une menace directe pour le bien-être de l’humanité dans toutes les régions du monde », a indiqué Josef Settele, qui a co-présidé l’évaluation du rapport. « Notre incessante sollicitation des ressources de la terre accélère les taux d’extinction et dévaste les écosystèmes de la planète », déplore de son côté Joyce Msuya, Chef par intérim d’ONU Environnement.
Les facteurs responsables, évoqués dans le rapport, sont par ordre décroissant : (1) les changements d’usage des terres et de la mer, (2) l’exploitation directe de certains organismes, (3) le changement climatique, (4) la pollution et (5) les espèces exotiques envahissantes.
Un changement « transformateur » encore possible pour restaurer la Nature
En dépit des progrès réalisés pour conserver la nature et des mesures politiques prises dans ce sens, le rapport met aussi en évidence que les trajectoires actuelles ne permettront pas d’atteindre les objectifs mondiaux d’Aichi visant à conserver et exploiter durablement la nature. « Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier », a déclaré Sir Robert Watson, président de l’IPBES. Les auteurs du rapport militent donc pour « un changement transformateur » à l’échelle d’un système, « qui prend en considération les facteurs technologiques, économiques et sociaux ».
« Les contributions apportées par la biodiversité et la nature aux populations sont notre patrimoine commun et forment le plus important ’filet de sécurité’ pour la survie de l’humanité. Mais ce filet de sécurité a été étiré jusqu’à son point de rupture », a déclaré le Pr Sandra Díaz (Argentine), qui a co-présidé l’évaluation avec les Pr Josef Settele (Allemagne) et Eduardo S. Brondízio (Brésil et États-Unis), et qui encourage à l’action.
Impliquer les secteurs agricoles et alimentaires
Pour l’agriculture, le rapport met l’accent sur la promotion de bonnes pratiques agricoles et agroécologiques, la planification paysagère multifonctionnelle (qui assure à la fois la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance, le maintien des espèces et les fonctions écologiques) et la gestion intégrée intersectorielle. La dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale. Quant à la production agricole annuelle mondiale, une partie dont la valeur marchande est estimée à 577 milliards de dollars US se voit aujourd’hui confrontée au risque de disparition des pollinisateurs.
Le rapport pointe aussi l’importance d’un engagement plus fort de tous les acteurs du système alimentaire et une gestion plus intégrée des paysages et des bassins versants ; la conservation de la diversité génétique ; ainsi que des approches qui responsabilisent les consommateurs et les producteurs grâce à la transparence des marchés, à l’amélioration de la distribution, à la revitalisation des économies locales, à la réforme des chaînes d’approvisionnement et à la réduction du gaspillage alimentaire.
Source : IPBES.
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