Un nouveau rapport montre un changement mondial dans l’utilisation des antibiotiques chez les animaux
Les chiffres issus d’un nouveau rapport publié le 14 février 2019 par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) montre un progrès à l’échelle mondiale, des réglementations et du suivi de l’utilisation des agents antimicrobiens chez les animaux. Ce rapport a pour objet de renforcer la capacité de chaque pays à recueillir des données essentielles sur l’utilisation des agents antimicrobiens chez les animaux.
L’OIE a élaboré un système de recueil des données sur une base volontaire auquel tout pays peut contribuer. Le rapport présente ainsi les conclusions générales de la troisième session de recueil annuel des données, délivrant une analyse de la situation aux niveaux régional et mondial de 2015 à 2017. Un nombre record de 155 pays y ont participé, indiquant la meilleure compréhension et priorisation du problème au niveau international.
« La base de données de l’OIE est une initiative majeure visant à constituer une capacité de surveillance de l’utilisation des antimicrobiens chez les animaux, aux échelles nationale et mondiale, a déclaré Monique Eloit, Directrice générale de l’OIE. Indépendamment des ressources financières dont disposent les pays, l’OIE vise à les aider à garantir que les antibiotiques et d’autres médicaments vétérinaires importants soient utilisés de manière prudente et responsable. L’une des recommandations phares faites par l’OIE aux pays est de cesser l’utilisation des antimicrobiens d’importance critique pour la promotion de croissance. »
Continuer à réduire l’utilisation des antimicrobiens
En effet, ce rapport montre que le signalement de l’utilisation des antimicrobiens pour la promotion de croissance a reculé, passant de 60 pays utilisateurs à 45 depuis la session précédente. Néanmoins, les antimicrobiens essentiels, classés par l’OMS dans la catégorie « des antimicrobiens d’importance critique », dont la colistine, continuent d’être utilisés systématiquement dans plusieurs régions dans cet objectif. Cette pratique met en danger l’efficacité de nombreux médicaments que nous considérons actuellement comme acquise tant chez les animaux que chez les humains.
L’élaboration d’un cadre règlementaire solide est une étape essentielle pour préserver et garantir leur utilisation responsable et prudente dans le domaine de la santé et de la production animale. Il s’agit également d’un puissant instrument pour enrayer progressivement leur utilisation en tant que promoteurs de croissance, tout en reconnaissant que les approches volontaires peuvent être efficaces dans certains pays. Ce rapport fait état d’une évolution positive de la situation. Bien que 72 pays ne disposent toujours pas de cadre règlementaire sur l’utilisation des promoteurs de croissance, ce chiffre est en baisse depuis le premier rapport de la base de données, qui indiquait que 110 pays manquaient d’un tel cadre. Ce déclin suggère que des progrès substantiels ont été réalisés dans la mise en œuvre de règlementations sur l’utilisation des agents antimicrobiens.
Améliorer la collecte et la qualité des données
« De nombreux pays ont déjà pris des mesures importantes, telles que la mise en place de systèmes de surveillance et le contrôle de l’utilisation des antimicrobiens dans les domaines de la santé humaine, et animale mais il y a encore un long chemin à parcourir, a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. Travailler ensemble est le seul moyen d’éviter d’énormes pertes humaines, sociales, économiques et environnementales causées par la résistance aux antimicrobiens. »
Pour nombre de pays, le processus de création de systèmes de collecte des données au niveau national est aussi important que les données elles-mêmes, car il illustre leur bonne volonté à s’inscrire dans cette démarche.
Grâce à ce processus, plusieurs obstacles à la collecte de données de qualité ont pu être mieux compris et identifiés :
- L’inadéquation de la structure et de l’application des cadres réglementaires régissant l’utilisation des antimicrobiens ;
- L’absence d’outils adéquats et de ressources humaines pour faciliter le recueil et l’analyse des données ;
- Le défaut de coordination et de collaboration des autorités nationales entre elles, et avec le secteur privé.
D’une manière encourageante, chaque année, de plus en plus de pays sont en mesure de reporter non seulement des données qualitatives, mais aussi quantitatives, telles que les quantités d’agents antimicrobiens utilisés. Ce troisième rapport montre une augmentation des données quantitatives de 32 % depuis le démarrage de la collecte des données. Pour cette raison, l’implication de tous les acteurs dans le combat contre la résistance aux antimicrobiens est nécessaire, des régulateurs, aux vétérinaires, éleveurs, entreprises et industriels de l’agro-alimentaire.
Promouvoir une utilisation responsable des antimicrobiens
« Les agents antimicrobiens sont essentiels pour préserver tant la santé des humains et des animaux, que des moyens de subsistance, de la sécurité alimentaire et de la sécurité sanitaire des aliments, mais ces médicaments doivent être utilisés de manière responsable, a déclaré Jose Graziano da Silva, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Nous encourageons les pays à entamer un dialogue avec toutes les parties prenantes pour promouvoir l’utilisation responsable et prudente de ces médicaments de grande importance, y compris dans les secteurs agricoles ».
En dépit des améliorations relevées, le renforcement des capacités des autorités compétentes des pays à contrôler l’utilisation des antimicrobiens chez les animaux au niveau national doit rester un objectif prioritaire pour la communauté internationale. « Nous reconnaissons que des progrès significatifs ont été accomplis pour garantir l’utilisation prudente des antimicrobiens chez les animaux ces dernières années, mais il reste encore beaucoup à faire, a affirmé Dame Sally Davies, responsable de la Santé publique d’Angleterre, Co-organisatrice du Groupe de l’UN IACG sur l’AMR. Avec un plus grand nombre de pays ayant communiqué des données quantitatives par rapport aux deux premiers rapports, cette année fournit d’excellentes ressources que je prie instamment les décideurs d’utiliser pour identifier les domaines où des mesures s’imposent et soutenir la réponse globale à la résistance aux antimicrobiens. »
Source : OIE.
À voir aussi
-
Médicament vétérinaire17 décembre 2024
Un congrès à Nantes sur la modélisation de la santé animale
La troisième conférence scientifique internationale de modélisation de la santé animale s’est tenue à Nantes, du 27 au 29 août 2024. Les sessions au programme ont concerné, entre autres, la modélisation des infections, les réseaux et les modèles épidémiologiques à large échelle, les interfaces entre faune domestique et faune sauvage, ou encore l’utilisation de modèles… -
Médicament vétérinaire17 décembre 2024
Une série d’interviews pour découvrir l’AMR-Env, groupe de travail dédié à l’antibiorésistance dans l’environnement
Lancé en novembre 2021, le projet PROMISE réunit les principaux acteurs impliqués dans la lutte contre l’antibiorésistance en France au sein d’un grand méta-réseau One Health. Dans le cadre de ce projet, a été créé un groupe de travail AMR-Env, dont un des objectifs est de démontrer la faisabilité d’un système de surveillance de l’antibiorésistance… -
Médicament vétérinaire17 décembre 2024
Une feuille de route interministérielle 2024-2034 de lutte contre l’antibiorésistance
À la croisée des santés humaine, animale et environnementale, l’antibiorésistance est un véritable défi et, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’une des dix principales menaces pour la santé publique au niveau mondial. La France a actualisé en septembre 2024 son programme interministériel de maîtrise de l’antibiorésistance lancé en 2016. Une nouvelle feuille de…