Une nouvelle analyse dément l’association entre une consommation hebdomadaire de viande rouge supérieure à 350 g et le risque de cancer colorectal
Des chercheurs américains ont analysé les preuves empiriques et les modèles utilisés pour établir les recommandations nutritionnelles nordiques de 2023 (Nordic Nutrition Recommendations, NNR), en particulier celle concernant la viande rouge non transformée. Leur étude publiée dans la revue Nutrition prouve que la restriction de la consommation de viande rouge non transformée à moins de 350 g/semaine sur la base d’une association avec le cancer colorectal n’est pas en accord avec les données sanitaires disponibles. Les auteurs alertent ainsi sur le fait que les hypothèses choisies lors d’une modélisation dose-réponse peuvent fortement influencer les résultats et qu’elles devraient donc être précisées dans les recommandations.
Les recommandations nutritionnelles nordiques de 2023 (Nordic Nutrition Recommendations, NNR) intègrent la durabilité, la santé et la nutrition à leur politique alimentaire globale (Food-Based Dietary Guidelines, FBDG). Les NNR 2023 recommandent une consommation de ≤ 350 g/semaine de viande rouge non transformée sur la base d’une association avec le cancer colorectal. Cette recommandation est inférieure à d’autres recommandations de la FBDG, comme celle du World Cancer Research Fund (WCRF) sur laquelle elle est basée (350-500 g/semaine).
Dans cet article, des chercheurs américains ont évalué les preuves empiriques et les modèles cités par le NNR 2023 pour étayer leurs recommandations concernant la viande rouge non transformée. Ils ont soumis les études incluses dans deux revues systématiques sélectionnées par le NNR 2023 à des modèles d’ajustement de moindre hypothèse (Least-assumption models, LA), afin de valider l’association entre consommation de viande rouge et cancer colorectal, et de les comparer aux six modèles paramétriques rapportés dans les deux revues systématiques. Ils ont ensuite évalué la significativité statistique des risques relatifs (RR) modélisés pour différents niveaux de consommation.
Des recommandations qui reposent davantage sur des hypothèses que sur des preuves
Sur la base des 21 études analysées (20 604 188 années-patients), aucune association significative (RR=1,04 ; 0,99-1,09) entre une consommation de 350 g/semaine de viande rouge non transformée et le cancer colorectal n’a été trouvée en utilisant les modèles LA, en accord avec les modèles les moins restrictifs rapportés par Lescinsky et al. en 2022 (RR=1,11 ; 0,89-1,38) et le WCRF (RR= 1,01 ; 0,96-1,07). L’association était significative à 350 g/semaine uniquement sous des hypothèses restrictives, telles que la monotonicité (RR=1.3 ; 1,01-1,64) et la linéarité (RR=1.06 ; 1,00-1,12). En outre, aucune association empirique significative n’a été observée en dessous de 567 g/semaine sur la base des preuves utilisées par le NNR 2023.
Selon les auteurs de cette analyse, les sources citées dans les NNR 2023, tout comme d’autres études omises pour établir ces recommandations, ne soutiennent pas une restriction de consommation de moins de 350 g/semaine de viande rouge non transformée en raison du risque de cancer colorectal. Cette étude montre donc que les NNR 2023 reposent davantage sur des hypothèses de modèle que sur des preuves empiriques. Les auteurs soulignent que l’incertitude du modèle devrait être explicitement incorporée dans les lignes directrices de bioéthique.
Référence : Pouzou JG, Zagmutt FJ. Guidelines to restrict consumption of red meat to under 350g/week based on colorectal cancer risk are not consistent with health evidence. Nutrition. 2024 Feb 15, 112395 (PDF en libre accès)
Source : Nutrition
À voir aussi
-
Transversal6 novembre 2024
Valeurs nutritionnelles des viandes rouges
Le document Valeurs nutritionnelles des viandes rouges synthétise les valeurs nutritionnelles disponibles de tous les morceaux de viande et abats de bœuf, veau, agneau ou viande chevaline ayant été étudiés depuis 2006. Les données de viandes crues proviennent d’études en laboratoire financées par Interbev. Les données de viandes cuites ont été obtenues par calcul à… -
Santé, pathologies et prévention29 octobre 2024
Une revue de littérature prône une juste consommation d’aliments d’origine animale pour la santé humaine (Article de synthèse)
Le Pr Alice Stanton, du Royal College of Surgeons en Ireland, publie une revue de la littérature scientifique dans laquelle elle alerte une nouvelle fois sur les risques de carences en micronutriments et en protéines associés à une alimentation trop végétalisée. « Les recommandations alimentaires devraient conseiller de modérer les consommations excessives d’aliments d’origine animale, plutôt… -
Composition et apports nutritionnels29 octobre 2024
Le végétalisme associé à un déficit d’apport en protéines chez les personnes âgées
Dans cette étude, les chercheurs ont simulé la manière dont une transition vers un régime plus végétal à différents degrés (flexitarien, pescétarien, végétarien ou végétalien) pouvait affecter la disponibilité des protéines alimentaires chez les personnes âgées. Leurs résultats indiquent que, si le remplacement des sources de protéines animales par des sources végétales réduit à la…