Vers une alimentation adaptée : densité nutritionnelle, transformation des aliments et spécificités culturelles (TRADUCTION)

Cet article fait partie de ALEPH2020, un livre blanc dynamique sur le rôle de la production animale dans les systèmes et régimes agroalimentaires mondiaux. Il synthétise une partie des discussions actuelles sur l’alimentation humaine, comme le rôle de la densité nutritionnelle, en lien notamment avec le rapport entre aliments d’origine animale et végétale, et les niveaux de transformation des aliments, dont la question très débattue des aliments ultra-transformés. Il est le fruit d’un travail interdisciplinaire dont l’objectif est de permettre aux individus de faire leurs choix alimentaires en fonction de leurs valeurs et préférences personnelles, tout en étant en adéquation régionale, culinaire et culturelle, sans négliger les dimensions éthiques et de durabilité, et en respectant un cadre de contraintes pratiques et budgétaires. En voici les points clés.

  • Il existe de nombreux modèles et habitudes alimentaires permettant à l’omnivore humain de se nourrir de manière adéquate, souvent au-delà de ce que suggèrent les recommandations et modèles nutritionnels conventionnels. Cependant, cette flexibilité alimentaire a aussi ses limites, qui dépendent de la densité des nutriments et des niveaux de transformation des aliments.
  • La densité nutritionnelle d’un régime alimentaire est généralement améliorée par l’incorporation d’aliments d’origine animale au-delà d’un certain seuil, estimé entre un quart et un tiers de l’apport calorique. En dessous de ce seuil, les risques de carences en nutriments deviennent préoccupants et doivent être examinés attentivement. En revanche, la consommation d’une part importante d’aliments d’origine animale s’accompagne de débats controversés sur le risque de maladies chroniques.
  • Il est recommandé de privilégier les aliments peu transformés, mais cela ne doit pas compromettre le potentiel nutritionnel. En particulier lorsque les aliments d’origine végétale dominent l’apport alimentaire, des étapes de transformation sont nécessaires pour éliminer les phytotoxines et améliorer la biodisponibilité des nutriments. Toutefois, des niveaux de transformation excessifs entraînent une perte de qualité des aliments, tandis que les modèles alimentaires dominés par les aliments ultra-transformés sont probablement nocifs.
  • Cet article se concentre sur les aspects sanitaires de l’alimentation humaine, sans aborder les préoccupations liées à l’impact sur l’environnement ou au bien-être des animaux. Ces préoccupations peuvent néanmoins être prises en compte, dans une certaine mesure, si les orientations en matière d’alimentation font preuve d’une flexibilité suffisante. Cela peut se faire en encourageant les régimes culturellement appropriés tout en permettant l’auto-sélection d’une variété d’aliments riches en nutriments, rassasiants et principalement peu transformés, en fonction des besoins, des valeurs et des préférences personnelles et culturelles. Le concept d’alimentation adéquate est particulièrement important pour les populations ayant des besoins nutritionnels spécifiques, comme les jeunes enfants, les femmes enceintes et allaitantes et les personnes âgées.

Pour en savoir plus : Frédéric Leroy, Ty Beal, Nel de Mûelenaere, Stefaan De Smet, Frits Heinrich, Lora Iannotti, Bradley Johnston, Neil Mann, Andrew Mente, Alice Stanton. A Framework for Adequate Nourishment: Balancing Nutrient Density and Food Processing Levels within the Context of Culturally and Regionally Appropriate Diets. ALEPH2020, 2025. DOI: 10.1093/af/vfae032 (Article en libre accès)

Source : ALEPH2020 – a dynamic white paper on the role of animal production in global agrifood systems and diets