Viande et cancer : les conclusions du dernier rapport du WCRF
À l’occasion de la troisième édition de son rapport, le World Cancer Research Fund (WCRF) vient d’actualiser ses conclusions quant aux relations entre alimentation, activité physique et cancers. Tour d’horizon de ce travail d’ampleur et des points clés à retenir en matière de consommation de viande.
Fort attendue, la 3ème édition du rapport global sur l’alimentation, la nutrition, l’activité physique et la prévention du cancer a été publiée le 24 mai dernier par le Fonds mondial de recherche contre le cancer[1] (World Research Cancer Fund – WCRF), en collaboration avec l’Institut Américain de Recherche contre le Cancer (AICR). Pour parvenir à ses conclusions, l’expertise s’est appuyée sur les deux précédentes éditions de 1997 et 2007, mises à jour par les données récentes de la littérature. Pour 20 sites de cancers, la relation avec différents facteurs nutritionnels a été qualifiée et associée à un niveau de preuve (convaincant, probable, suggéré, non concluant ou improbable).
Des recommandations réitérées en ce qui concerne la viande
La viande rouge, reste identifiée comme facteur de risque probable d’un cancer, le cancer colorectal. Toutefois, le niveau de preuve associé à cette relation a été rétrogradé : il est désormais jugé probable et non plus convaincant. Cette modification s’explique par l’absence d’association significative entre consommation de viande rouge et risque de cancer dans les dernières études épidémiologiques. Cependant, en raison de mécanismes jugés plausibles, la relation se trouve qualifiée de probable, et non simplement suggérée.
Ainsi, les recommandations de ce nouveau rapport restent en phase avec les précédentes : il est préconisé de limiter la viande rouge (bœuf, agneau, porc, veau, cheval…) avec une consommation maximale hebdomadaire de trois portions, c’est-à-dire environ 350 à 500 g de viande cuite par semaine. A noter que la limite de 500 g de viande cuite (viandes telles que consommées), correspond, plus ou moins selon les modalités de cuisson, à 700-750 g de viande crue.
La viande transformée (ce qui s’apparente, en France, aux charcuteries) reste, quant à elle, associée au risque de cancer colorectal de façon convaincante. Il est donc recommandé aux consommateurs de ces produits d’en manger très peu.
Une limite de consommation au-delà des consommations moyennes de la majorité des Français
Ainsi, le WCRF ne conseille pas d’arrêter de consommer de la viande et rappelle d’ailleurs qu’il s’agit d’une source de nutriments essentiels, notamment de protéines, fer, zinc et vitamine B12. En outre, la limite de consommation proposée de 350 à 500 g/semaine doit être mise en perspective avec les niveaux actuels de consommation (Crédoc – CCAF 2016[2]), plutôt rassurants : la consommation hebdomadaire française moyenne de « viandes hors volaille » est aujourd’hui de 320 g par personne, soit seulement 2 à 3 portions par semaine ; et 80 % des adultes consomment moins de 500 g de viande hors volaille cuites par semaine.
Une nouvelle façon d’envisager les facteurs de risque de cancers
Nouveauté par rapport aux précédentes éditions : le rapport de 2018 insiste sur le rôle combiné des différents facteurs et sur la nécessité de considérer les recommandations comme un ensemble. Il est précisé qu’il semble de plus en plus improbable qu’un aliment ou un composant nutritif constitue en lui-même et individuellement, un important facteur de risque ou de protection du cancer. Ainsi, les différentes composantes du régime alimentaire et l’activité physique se conjuguent pour créer un état métabolique plus ou moins propice à la survenue d’un cancer. Notamment, chez l’Homme, les états physiologique et métabolique normaux sont soumis à des stress externes et internes. La nutrition est l’une des composantes importantes permettant à l’organisme de résister à ces stress et d’éviter ainsi le développement de maladies ; en absence de fort déficit nutritionnel, cette résistance ne dépend pas de l’effet d’une seule substance nutritive spécifique.
Des préconisations transversales pour l’ensemble des cancers
La préconisation relative à la consommation de viande s’inscrit de fait dans une liste incluant dix recommandations : alimentation riche en produits complets, légumes, fruits et légumes secs ; limitation de certains groupes alimentaires comme les boissons sucrées et les aliments de type « fast-food » ; etc. Sans oublier des préconisations sur la prévention du surpoids et la limitation de la consommation d’alcool, qui constituent deux grands facteurs de risque associés simultanément à plusieurs types de cancers (respectivement 12 et 7 sites).
Source : WCRF
[1] WCRF-AICR. Diet, Nutrition, Physical Activity and Cancer: a Global Perspective (Third Expert Report). May 2018
[2] Credoc. Enquête CCAF 2016 – consommations moyenne des adultes (≥ 18 ans)
Article 56/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"
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