Une consommation élevée de viande rouge pourrait être associée à un moindre risque de démyélinisation du système nerveux central (évocateur d’une sclérose en plaques)
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Dans cette étude cas-témoins, les auteurs rappellent en préambule que les niveaux de preuve de l’association entre la consommation de viande rouge et le risque de sclérose en plaques sont trop faibles pour aboutir à des conclusions. L’équipe a donc testé les associations entre la consommation de viande rouge et le risque d’un premier diagnostic clinique de démyélinisation du système nerveux central (FCD, First Clinical Diagnosis), qui présage souvent d’un diagnostic de sclérose en plaques.
Calcul de densités quotidiennes de viandes transformées ou non
Pour ce faire, les données du questionnaire de fréquence alimentaire de l’étude australienne Ausimmune de 2003-2006 (étude cas-témoins appariée portant sur les facteurs de risque environnementaux liés au FCD) ont été utilisées. Des densités quotidiennes de viande rouge non transformée (bœuf, veau, agneau, porc) et transformée (jambon, bacon, salami, saucisses), exprimés en g/1000 kcal/j, ont été calculées. Des modèles de régression logistique conditionnelle (avec appariement des participants en fonction de l’âge, du sexe et de la région d’étude) ont été utilisés pour estimer les odds ratio (OR), les intervalles de confiance à 95% (IC à 95%) et les p-values entre, d’une part, les densités de viande non-transformées (n = 689, 250 cas, 439 contrôles) et transformées (n = 683, 248 cas, 435 contrôles) et, d’autre part, le risque de FCD.
Les modèles ont été ajustés pour tenir compte des antécédents de mononucléose infectieuse, des concentrations sériques de 25-hydroxyvitamine D, du tabagisme, de l’origine géographique, de l’éducation, de l’indice de masse corporelle et des erreurs de déclaration dans l’alimentation (d’où la publication d’ORA, odds ratio ajustés).
Une corrélation chez la femme
Selon les résultats, une augmentation d’un écart type de la densité de viande rouge non transformée (22 g/1000 kcal/j) était associée à un risque réduit de FCD de 19 % (Odd ratio ajusté = ORA = 0,81 ; IC à 95% 0,68-0,97; p = 0,02). En distinguant les hommes des femmes, cette même augmentation était associée à une réduction du risque de FCD plus importante (26 %) chez les femmes (n = 519 ; ORA = 0,74 ; IC à 95% 0,60-0,92; p = 0,01) ; en revanche, il n’existait pas d’association statistiquement significative entre ces deux paramètres chez les hommes (n = 170). Aucune association statistiquement significative entre la densité de viande rouge transformée et le risque de FCD n’a été trouvée.
Corrélation ne signifie pas conséquence
Selon les auteurs, une analyse plus approfondie reste nécessaire pour comprendre les composants importants d’un régime comprenant des viandes rouges non transformées expliquant un risque de FCD plus faible. En effet, les auteurs observent certes une corrélation, mais ne peuvent en rien en déduire une relation de cause à effet.
Référence : Black LJ, Bowe GS, Pereira G, Lucas RM, Dear K, van der Mei I, Sherriff JL; Ausimmune Investigator Group. Higher Non-processed Red Meat Consumption Is Associated With a Reduced Risk of Central Nervous System Demyelination. Front Neurol. 2019 Feb 19;10:125.
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