Viandes rouges transformées et non transformées et risque de cancer colorectal : analyse par site des tumeurs et modification avec le temps.
Contexte : L’association entre la consommation de viande rouge et le cancer colorectal selon sa localisation (colon, rectum) mérite d’être encore éclaircie, ainsi que la durée ou le moment de la consommation de viande en relation avec le développement du cancer. Objectif : Comprendre la pathogénèse du cancer colorectal en relation avec la consommation de viande rouge en distinguant la viande rouge transformée (charcuteries) de la viande rouge non transformée (viande fraiche). Méthodologie : Les auteurs ont exploré les données de deux grandes cohortes, la Nurses’ Health Study (n=87 108 femmes, 1980-2010) et la Health Professionals Follow-up Study (n=47 389 hommes, 1986-2010). Résultats : Dans les deux cohortes combinées, 2 731 cas de cancer colorectal ont été rapportés (1 151 dans le colon proximal, 816 dans le colon distal et 589 dans le rectum). Les analyses rassemblées indiquent que la consommation de viande rouge transformée est positivement associée au risque de cancer colorectal (HR pour 1 portion[1]/jour =1.15, 1.01-1.32, p=0.03) et en particulier au cancer du côlon distal (HR pour 1 portion/jour =1.36, 1.09-1.69, p=0.006). Les consommations de viandes rouges non transformées étaient inversement associées au risque de cancer du côlon distal (HR pour 1 portion[2]/jour =0.75, 0.68-0.82, p<0.001) et une petite association positive mais non significative était notée avec le cancer proximal (HR pour 1 portion/jour =1.14, 0.92-1.40, p=0.22). Concernant la durée des consommations, celles de viandes rouges transformées des 4 dernières années n’étaient pas associées au cancer distal. En revanche, au-delà de plus de 4 ans, elles étaient associées à des risques croissants de cancer distal avec les années (4–8 ans: 1.31, 95% CI: 1.12–1.54; 8–12 ans: 1.43, 95% CI: 1.20–1.70; 12–16 ans: 1.42, 95% CI: 1.16–1.74). De même, les consommations de viandes rouges non transformées et de viandes rouges transformées des 4 à 8 dernières années étaient associées à une augmentation du risque de cancer rectal (HR=1.29 et HR=1.25, respectivement, p=0.005 et 0.03). Enfin, les données étaient similaires entre les femmes et les hommes. Conclusion : Dans ces deux grandes cohortes américaines de professionnels de santé, la consommation de viandes rouges transformées (charcuteries) est positivement associée au risque de cancer colorectal et en particulier en position distale tandis qu’il n’existe pas de preuve d’une association avec la consommation de viandes rouges non transformées. Les consommations des 4 dernières années ne sont pas associées au risque de cancer du colon distal.
Article 36/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"
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